Sarkozy commet décidément bourde sur bourde

Le torchon brûle entre Sarkozy et son UMP, d'une part, et l'AFP, de l'autre.

A l'origine, une espèce de polémique de bas étage s'est créée, lors de la réunion tenue, mercredi dernier, par Sarkozy avec les parlementaires de l'UMP, au cours de laquelle ce dernier s'en était pris à l'agence de presse. Il lui reprochait d'avoir négligé la publication du communiqué diffusé par le parti majoritaire à propos de la condamnation de Ségolène Royal dans l'affaire des salaires restés dus à ses ex assistantes.

L'AFP n'était pas le seul organe attaqué, en réalité. Des journaux, dits de gauche, étaient également visés par la diatribe, au motif qu'ils avaient tendance à critiquer notoirement tous les actes du président en exercice, quand ils ne tournaient pas en dérision ses comportements et autres attitudes publics.

Il faut dire que, là encore, Sarkozy ne s'était pas arrêté à ces seules cibles. Se comparant à ses prédécesseurs, et notamment à Chirac, il avait trouvé beaucoup à redire de leur passage aux affaires, en évoquant allusivement l'affaire de Clearstream, par rapport à ce dernier.

A n'en pas douter, Sarkozy, bousculé dans ses derniers retranchements par une opinion publique qui le rejette désormais de plus en plus nettement, comme le montrent les sondages, croit ainsi trouver dans l'opposition et ses adversaires politiques la seule raison d'être de ses déboires.

On peut comprendre toutefois qu'un homme, aussi impulsif que lui, cède facilement à une espèce de panique qui lui fait tenir des propos inconsidérés, aussi ridicules que bas et inacceptables pour un chef d'Etat. Mais que l'ensemble des conseillers et des amis, qui sont des dizaines, pour ne pas dire des centaines à l'entourer de leurs prévenances les plus infimes, n'aient pas eu la présence d'esprit de le ramener à la raison pour l'empêcher de commettre de nouvelles bourdes aussi regrettables, donnent d'eux-mêmes une image non seulement peu rassurante mais plutôt détestable.

Car, laisser se diffuser des propos de pipelet attente à la dignité à la fois du chef de l'Etat et de la France entière.

Une première réaction, peut-on dire lucide, est venue a posteriori du député UMP, Hervé Mariton, qui a déclaré au Parisien : « Dans ses critiques, Nicolas Sarkozy se trompe de combat. L'enjeu n'est pas de lutter contre ses prédécesseurs ou contre la presse, c'est de gagner dans le monde de demain et de convaincre les Français ».

Sarkozy avait poussé, en effet, la vantardise jusqu'à dire mercredi dernier : « Chirac a mis 21 ans à se faire élire. Moi, je l'ai été du premier coup ». Pour bien montrer encore sa prétendue "supériorité", il avait ajouté, tout en rappelant l'affaire Clearstream : « Il a fait une réforme et demie, son premier septennat s'est arrêté en décembre 1995 sur un recul sur la réforme des régimes spéciaux. Moi, je n'ai pas l'obsession de durer et je mène tout de front ».

La sortie, enfin, de Mariton se conjugue avec une autre, pointée dans une autre direction, exprimée pour des raisons différentes envers l'UMP elle-même. Son auteur n'est autre qu'Estrosi, l'ex secrétaire d'Etat démissionnaire, qui semble garder une dent bien dure à la direction du parti majoritaire : « Les députés se battent pour défendre avec ferveur les convictions de ceux qui les ont élus. En revanche, le parti, lui n'est pas à la hauteur ».

« La traite des Noirs, l’esclavage, ainsi que leur abolition, seront introduites dans les nouveaux programmes de l’école primaire dès la rentrée prochaine », a cru devoir annoncer le président français, samedi dernier, au Jardin du Luxembourg, à l'occasion de la commémoration de la Journée de l'esclavage.

Il a même précisé : "Cette histoire doit être inscrite dans les manuels scolaires afin que nos enfants puissent comprendre ce qu’a été l’esclavage ; afin que nos enfants puissent mesurer les souffrances que l’esclavage a engendrées, les blessures qu’il a laissées dans l’âme de tous ceux que rien ne peut délier de ce passé tragique".

C'était là une autre occasion où Sarkozy eût mieux fait de se taire, le sujet étant traité depuis au moins deux décennies à l'école primaire française. Du coup, il s'est donné en pâture à la presse qui s'en est fait des gorges chaudes.

Il faut croire, comme il est écrit plus haut, que le président français s'est entouré de conseillers et de rédacteurs peu en phase avec l'actualité de leur propre pays, sinon toujours prêts à lui poser des peaux de bananes sur lesquelles il glisse avec une extraordinaire légèreté.

Lui-même, au fond, comme l'écrivent nombre de commentateurs, ne semble guère être d'une culture à peine moyenne pour prononcer des propos dont il est incapable de contrôler personnellement la véracité ou la pertinence.