Pan ! dans le bec de Sarkozy

l’avaient déjà pensé et même dit : Sarkozy a de nombreux points communs avec Berlusconi.

Aussi, Eva Joly, l’ancienne magistrate, qui avait fait parler d’elle dans le dossier Elf, l’a clamé fort dans l’entretien diffusé sur France Info de mardi dernier. "Les méthodes qu’il (Sarkozy) suggère sont celles de M. Berlusconi", a-t-elle déclaré, à propos du projet de Nicolas Sarkozy de dépénaliser la vie économique.

Le président français avait, en effet, aux assises du Medef, fait part de son intention de faire cesser les enquêtes habituellement ouvertes sur la foi de lettres anonymes et de soutenir parallèlement une réforme, fort attendue des milieux économiques, tendant à alléger les sanctions liées au délit pour abus de biens sociaux, autrement dit pour détournement de fonds au sein des sociétés.

La réplique d’Eva Joly aura été cinglante : « Je ne comprends pas un pays qui responsabilise ses enfants et ses fous et irresponsabilise ses élites et cela me paraît une grave erreur et surtout une absence de compréhension de ce que veut dire la criminalité organisée et économique », avant d’ajouter : « Dire que ce n’est pas grave de présenter des comptes inexacts ou de ne pas respecter la différence entre sa propre poche et la poche de l’entreprise, c’est grave. Le droit pénal, il ne faut pas l’oublier, protège les victimes ».

Ne plus faire usage des lettres anonymes reçues par les juges est considéré également comme une grave erreur par la célèbre magistrate qui rappelle que des instances internationales, comme l’ONU et l’OCDE, insistent au contraire sur le besoin de protéger les témoignages ainsi reçus.

C’est d’ailleurs sur la base de ces lettres anonymes qu’Eva Joly a pu conduire jusqu’à son terme le dossier d’ELF, qui a révélé de graves détournements et envoyé de nombreux dirigeants derrière les barreaux.