Le fils Hariri s'est fourvoyé dans un sac d'embrouilles

L'on se souvient de l'énorme tapage fait dans l'affaire, non encore élucidée à ce jour, de l'assassinat, en 2005, de Rafik Hariri, l'ancien Premier ministre libanais.

Tandis que ce dernier gisait encore au sol, sous le tas de ferraille qu'était devenue la voiture qui le transportait, son fils s'est précipité immédiatement de désigner du doigt les services syriens, pour les accuser, sans la moindre preuve, d'être sinon les auteurs du moins les commanditaires de l'attentat meurtrier.

Dans un mouvement pathétique, la communauté internationale réunie derrière Jacques Chirac, ami cher du défunt, avait alors fustigé le régime syrien, ne tenant pas même le moindre compte de ses dénégations. Des menaces avaient aussi fusé de-ci de-là, aboutissant à un consensus au niveau de l'ONU pour désigner une commission spéciale chargée d'enquêter sur le crime et traduire les coupables devant une cour de justice créée pour la circonstance. L'Allemand, Detlev Melhis, nommé à la tête de cette commission, s'était rendu par suite à Damas même, pour interroger les autorités syriennes et recueillir éventuellement des témoignages, voire des preuves.

Mais, en vérité, l'enquête a toujours piétiné et semble plutôt s'achever en eau de boudin, faute surtout de preuves tangibles et formelles à présenter au procès censé s'ouvrir incessamment.

Le fin fond de l'enquête, ô suprême surprise, nous le découvrons aujourd'hui dans un article anodin du journal Le Figaro. Ce dernier nous livre les machinations par lesquelles la famille Hariri s'est employée à retourner un transfuge syrien, qui se dit chauffeur d'un général syrien, pour lui faire reconnaître la paternité de cet assassinat soi-disant planifié par les services syriens.

Plus exactement, sur la foi des renseignements recueillis de leur côté, les proches d'Hariri ont donc réussi à exfiltrer en Arabie saoudite ce Syrien, nommé Zouheir Assadiq. Sitôt interrogé dans ce pays, le présumé coupable est confié aux soins des Français qui désiraient assurer sa protection jusqu'au procès.

C'est ainsi que Zouheir s'est retrouvé à Chatou, en banlieue parisienne, sous la surveillance étroite des services de police, auxquels il finit quand même par avouer qu'il avait touché de l'argent pour faire de faux aveux. En d'autres termes, on l'avait suborné.

Du coup, les policiers français ont cherché à s'en débarrasser. Et si l'on dit aujourd'hui qu'il s'est volatilisé depuis un mois, il n'est pas exclu que ces derniers l'y aient en quelque sorte poussé.

Les enquêteurs de l'ONU chargés de faire la lumière sur l'assassinat, en février 2005, de Rafik Hariri, patinent toujours. Le Premier ministre libanais avait trouvé la mort avec ses gardes du corps et une vingtaine de passants, lors de l'explosion. Toutes les pistes censées conduire les enquêteurs vers les auteurs sinon les commanditaires de l'attentat ont toutes abouti à une impasse.

Plus de quatre ans après les faits, la Commission d'enquête de l'ONU ne tient rien de tangible, excepté l'ADN du kamikaze. Mais elle est loin de l'identifier. Elle sait également que ce dernier provenait non pas de Syrie, comme on l'avait laissé entendre avec insistance des années durant, mais d'Arabie saoudite ou même d'Irak. Autrement dit, là encore, l'on n'est pas sûr de l'origine du tueur.

Enfin, un dernier élément, sans grand intérêt, a été mis en lumière. Le véhicule 4x4, chargé d'explosifs et utilisé pour l'attentat, a été acheté en contrebande au Japon et introduit quasi clandestinement au Liban via les émirats arabes par des personnes ayant agi sous de fausses identités.

Maintenant, une foison de directions à donner à l'enquête permet même de porter des soupçons sur des mafieux en raison des activités financières que brassait, en marge de la politique, le défunt de son vivant.

Le préjudice moral causé, enfin, à la Syrie, en la désignant résolument du doigt et sans preuve, à l'époque des faits, appelle désormais réparation. Aussi bien le fils Hariri, emporté par sa haine contre Damas, que la France de Chirac et les USA de Bush devraient faire maintenant amende honorable en s'excusant au moins d'accusations exprimées avec légèreté et irresponsabilité.

L'ordre de libérer les quatre généraux libanais, arrêtés dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de Hariri, a été donné hier. La responsabilité de ces officiers supérieurs, mis aux arrêts à cause simplement de leurs sentiments pro-syriens, ne peut être retenue ni comme suspects ni moins encore comme accusés, a estimé le Tribunal spécial pour le Liban constitué par l'ONU et siégeant à la Haye.

Cette décision, qui cloue au pilori les accusations lancées dès le lendemain de l'attentat par le fils Hariri et les amis de la famille, sonne comme un désaveu de ce camp pro-occidental.

Intervenant à quelques semaines des élections législatives, elle risque en même temps de peser considérablement sur le choix des électeurs, qui se disent abusés par une campagne aussi mensongère que partiale et préjudiciable aux intérêts du peuple libanais.

En fin de compte, comme on pouvait s'y attendre légitimement, les enquêteurs internationaux chargés de faire la lumière sur cet assassinat ont échoué lamentablement. L'occident, dont la France en particulier, avait désigné du doigt Damas, l'accusant sans preuve d'être le commanditaire de ce meurtre. Obnubilés par la foudroyante pression exercée alors sur la seule Syrie, les enquêteurs ont négligé maladroitement voire volontairement la piste israélienne. Car, enfin, qui d'autre que Tel Aviv avait intérêt à semer la zizanie et la haine parmi les Arabes. Les policiers s'occupant de crimes partent toujours d'une logique sidérante : à qui profite le crime, se posent-ils comme question avant d'aller plus avant dans leur enquête. Et, dans le cas Hariri, l'évidence saute aux yeux, ce n'est pas des policiers mais de simples fonctionnaires étrangers aux affaires de police qui se sont occupés d'élucider le meurtre d'Hariri. En y réfléchissant, en effet, la réponse est là toute cinglante : c'est bien Israël, et non la Syrie, le Hezbollah ou un autre tiers, qui a tiré les plus grands dividendes de ce crime, dont Israël est non seulement capable mais grand habitué du genre. Et les Arabes, l'Occident, l'ONU auront été finalement les véritables dupes dans cette histoire abracadabrante mais pourtant claire.

Un début de preuve est donné d'ailleurs par le Hezbollah, lequel a présenté aujourd'hui, dans une conférence de presse, des images de reconnaissance israéliennes prises avant l'attentat en cause. Nasrallah, le chef de ce mouvement, sans être catégorique sur l'authenticité des photos ni être en mesure d'apporter des preuves formelles de l'implication d'Israël donne pourtant une version que les faits et la simple logique corroborent, n'en déplaise à ses ennemis qui sont bien nombreux sur la planète.

Par cette même logique, force est nécessairement d'admettre que toutes les autres pistes fouillées de fond en comble par les enquêteurs internationaux ont abouti à un cul-de-sac. Or, soupçonner Tel Aviv du meurtre en question n'entrait dans aucune logique, parce que tout simplement l'on feint d'oublier qu'Israël est capable de faire pire et l'a surtout démontré en plusieurs occasions.

Il faut espérer, maintenant, que ces nouveaux éléments conduisent vers la lumière totale. Mais cela reste à n'en pas douter un simple vœu pieux, aucun État occidental, aucun membre permanent du Conseil de sécurité ne voulant se mettre à dos Israël, dont chacun mesure à présent les capacités diaboliques d'inverser la vapeur en toutes circonstances, grâce aux moyens colossaux qu'il peut mettre en mouvement : presse, finances, hauts responsables dans les différents États, etc.

Sur la plainte de l'ex-général libanais, Jamil Sayyed, ancien chef de la Sûreté générale du Liban, un juge d'instruction de Damas a émis 33 mandats d'arrêts contre diverses personnalités accusées d'avoir falsifié des preuves ayant impliqué à tort le plaignant dans l'attentat perpétré contre Rafik Hariri, ancien Premier ministre, qui avait causé sa mort et celle d'une trentaine d'autres personnes.

Il s'agit de juges, d'officiers, d'hommes politiques, de journalistes et autres, tous proches du fils Hariri, dont les déclarations et autres dénonciations calomnieuses avaient conduit à l'arrestation arbitraire et l'emprisonnement durant quatre années de Jamil Sayyed et de trois autres généraux.

Le communiqué rendu public inclut au nombre des hommes poursuivis, le chef de la Commission internationale d'investigation, le juge Detlev Melis et son adjoint Gerhard Leman.

L'on se rappelle, en effet, tout le tapage fait lors de l'assassinat pour accuser les services syriens d'être les commanditaires de l'attentat. C'était même à l'ONU, sur instigation de Chirac, qui était l'ami du défunt, que des pressions avaient été immédiatement exercées contre Damas pour le forcer à retirer ses troupes du Liban, de même qu'une commission d'enquête internationale diligentée par le juge allemand a été constituée à l'effet de faire la lumière sur les auteurs de la tuerie.

En fait, la suite est bien connue : les empreintes du Mossad ont fini par y être relevées, contraignant la France et ses alliés à "fermer leur bec", tant le lobby juif reste extrêmement puissant par les temps qui courent.