Des dizaines de milliers de Libanais ont répondu ce matin à l'appel de Saad Hariri, l'ex Premier ministre, pour manifester contre ce qu'il laisse sous-entendre, l'emprise du Hezbollah sur la conduite des affaires du pays.
Il reproche notamment au parti chiite d'imposer son diktat par la force de ses armes et d'avoir renversé son gouvernement, parce que celui-ci continuait de coopérer avec le tribunal de l'ONU chargé d'enquêter sur le meurtre, par attentat à la voiture piégée, de son père, Rafik Hariri, ancien Premier ministre.
On sait, en effet, que ce tribunal se trouvait sur le point de rendre son verdict, accablant à tort ou à raison de hauts dirigeants du Hezbollah d'être les commanditaires de l'attentat précité, au moment où le cabinet de Saad Hariri a été renversé. Or, conteste la formation islamiste, ledit tribunal serait "à la solde d'Israël et des États-Unis", ainsi qu'en témoigne le soutien apporté par ces deux pays au fougueux Hariri.
Ce dernier avait, dans un premier temps, faut-il le rappeler, pointé son doigt sur Damas seul, accusant ses services secrets d'avoir fomenté ledit attentat, conduisant ainsi la communauté internationale à exiger et obtenir le retrait de toutes les forces syriennes du Liban. Pour étayer ses accusations, Hariri avait même produit, avec le concours de l'Arabie saoudite et de la France, un faux témoin, devenu très vite encombrant, qui s'est par suite récusé.
Hariri a alors dirigé ses accusations sur le Hezbollah, le présentant comme complice du régime de Damas, sans fournir toutefois de preuves convaincantes et irréfutables de la responsabilité de l'un comme de l'autre dans l'assassinat en cause. Des officiers supérieurs de l'armée libanaise soupçonnés d'avoir pris part à ce dernier ont même été arrêtés et longuement emprisonnés avant d'être relâchés faute de preuves. Le plus surprenant est encore que Hariri a très vite tourné le dos à la piste du Mossad mise en avant par de nombreux indices rapportés même par les médias, alors que c'est bien à lui que profite réellement le crime, comme disent les policiers.
Le résultat est qu'aujourd'hui les Libanais sont divisés pour un long moment encore sur un sujet qui mérite une réflexion autrement plus sérieuse.