Sans surprise Ouyahia se déclare pour le 3è mandat

A présent qu'Ouyahia s'est mis officiellement de la partie, pour soutenir la révision de la Constitution et le 3è mandat de Bouteflika, nous pouvons dire que la campagne présidentielle pour la réélection de ce dernier est bel et bien entamée.

En vérité, personne ne doutait de la position, qui a toujours été et le restera toujours, de cet homme, acquis de longue date déjà au système qui l'a fait et auquel il doit toute sa carrière. N'oublions pas, surtout, que le RND, ce second parti de l'alliance présidentielle sur lequel il s'adosse, a lui-même été créé tambour battant, en 1997, sur les vestiges du FLN qui se trouvait alors moribond, et ce, dans le seul dessein de servir le régime en place du moment, et, plus tard, celui qui lui a succédé.

Homme connu pour être sans principes, et surtout sans aucune espèce de dignité, Ouyahia n'a même pas cru devoir réagir, ne fût-ce que pour la forme, pour exprimer à tout le moins son indignation, lors de son dernier renvoi comme un malpropre de son poste de chef du gouvernement. Pire, au président, rentrant tout juste de Paris après son hospitalisation, et qui avait exigé de lui, sans la moindre explication, sa démission sur le champ, il a plutôt eu cette basse envolée qui a abasourdi ses propres partisans : "Je suis toujours fidèle au président de la République dont je soutiens les réformes et m'engage à être toujours derrière lui". Pareille attitude, en vérité, n'est pas nouvelle dans le pays, où l'on a assisté, des décennies durant l'occupation française, à ce type d'allégeance multipliée des dizaines, voire des centaines de fois, par une espèce d'engeance portant noms alors de caïds, d'aghas, de bachaghas, etc., à cause de laquelle la guerre de libération avait même failli s'achever en eau de boudin.

Quant à Ouyahia, il n'en faut guère plus pour peser la valeur d'un tel homme dénué du moindre bon sens, sauf, et c'est à quoi beaucoup réfléchissent depuis cette date, s'il est lui-même l'objet d'un chantage. En effet, on le dit plutôt pris dans une étreinte, et ce, malgré ses dénégations réitérées, résultant de son surendettement auprès des banques qui ont financé sa flotte d'autobus, par ailleurs louée à prix d'or aux Cous, depuis déjà de longues années. Mais, comme d'un autre côté, on le soupçonne aussi d'avoir tissé des relations dangereuses au niveau des cercles militaires de haut rang, à cause desquelles il aurait été remercié, on imagine évidemment mal cet homme s'escrimant à jouer un rôle d'opposant.

Il reste que ses déclarations publiques d'aujourd'hui, dont il ne mesure pas même la portée, doivent se retourner contre lui. Car, c'est se draper d'un sacré toupet pour clamer aussi haut que Bouteflika est engagé dans le parachèvement du redressement national, feignant d'oublier précisément que si le pays souffre, comme il le reconnaît lui-même, c'est bien parce que des responsables, tels que lui tout particulièrement désigné deux ou trois fois à la tête du gouvernement, n'ont été, à aucun moment, à la hauteur de leur mission, une mission pour laquelle, lui comme tous les autres se sont fait grassement mais inutilement payer.

Désormais, Ouyahia n'est pas le seul chef de parti à venir à la rescousse de Bouteflika, pour le bonheur duquel le FLN et sa cohorte d'organisations croupions ont été déjà mises à contribution. Moussa Touati, le président du FNA, ce petit parti sorti de l'ombre tout récemment encore à la faveur des législatives, se dit lui aussi disposé à soutenir le troisième mandat, après avoir un moment tergiversé au point de susciter une espèce de colère parmi les siens. Tout récemment encore, ce personnage, absolument inconnu il y a quelques mois, criait haut et fort qu'il ne trouvait aucune raison d'appuyer la réforme de la Constitution et moins encore la reconduction du chef de l'Etat pour un troisième mandat.

En fait, excepté l'opposition, la vraie qui se situe aux antipodes de l'alliance présidentielle et de ses satellites, tels que le PT, le FNA et autres, on ne peut dire qu'il existe dans le pays d'autre attitude aussi tranchée et déterminée à faire barrage à la révision constitutionnelle et au maintien de Bouteflika. Malheureusement, cette opposition, disloquée et émiettée, ne pèse pas lourd sur l'échiquier politique algérien d'aujourd'hui. Et Bouteflika et son régime ont de bien beaux jours à vivre encore. Quel dommage !

Un communiqué inséré dans Le Matin d'Algérie et provenant du Comité d'initiatives et de vigilances citoyennes d'Oran dit non au projet concocté par Belkhadem et consorts.
Parce qu'il vient de la capitale de l'Ouest chère à ce dernier mais aussi à Bouteflika dont on sait les penchants ouvertement régionalistes, il mérite d'être publié, ici aussi. Le voici, dans son intégralité, sous quelques petites corrections de forme :
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Il est venu le temps d'engager une véritable réflexion sur l'alternative démocratique, d'engager un débat sur les questions qui préoccupent le citoyen, le commun des Algériens. Les questions auxquelles le régime en place n'a aucune réponse ou, dans le meilleur des cas, a un semblant de réponse : le viol encore une fois de la Constitution.

Si le régime n'a pas de réponse, c'est parce que ces questions-là ne sont pas une priorité dans son agenda. Car, pour le moment, sa priorité est de reproduire le système par un troisième mandat, en s'appuyant sur une réforme constitutionnelle, qui, dans ses caractéristiques, a été préparée de longue date par la commission "Sbih".

Une reproduction du système sous un autre habillage institutionnel, un autre habillage pour les institutions de l'Etat, mais avec la même finalité : ceux qui détiennent le véritable pouvoir en Algérie continueront à le détenir pour une assez longue période.

Il y a fort à parier qu'un grand show sera organisé dans les jours qui viennent, pour faire avaler cela aux Algériens, en usant et abusant des sentiments et autres stratagèmes.

Bien entendu, toute la démarche consistera à faire oublier, pour un moment, les véritables problèmes du citoyen, à savoir :

1) La détérioration du pouvoir d'achat, parce qu'il n'y a aucune véritable politique salariale en Algérie, aucune véritable politique des revenus et aucune véritable politique sociale pour préserver la cohésion sociale. Ce qui veut dire que le régime actuel n'a aucune véritable politique de redistribution des richesses nationales ;

2) L'absence de perspectives pour les jeunes Algériens, qui préfèrent tenter leur chance ailleurs, même si les conditions sont très dures, et, à défaut, faire la bombe humaine plutôt que d'attendre des promesses qui ne se réaliseront jamais. Or l'absence de perspectives implique que ce régime est incapable de mettre en place une véritable politique de l'emploi, qui soit soutenue par une vraie politique des revenus et, donc, par une véritable politique de redistribution de la richesse.

3) L'absence de perspectives pour les jeunes, parce que le régime en place est incapable de concevoir une politique de l'investissement susceptible de promouvoir la création de l'emploi. Ce n'est pas des projets comme l'autoroute Est-Ouest, la grande mosquée d'Alger ni encore moins la réfection des trottoirs ou la pose de tramways qui vont résoudre le problème du chômage dans notre pays.

La réponse à ce type de question nous conduit à réfléchir au type d'institutions nécessaires pour prendre en charge ces problèmes... Ceci permettra à la mouvance démocratique de devenir une vraie force de proposition.

Alors, mobilisons-nous pour une autre Algérie que celle qu’on veut nous imposer !
P. LE C I V I C
BENGUESMIA CHADLY Mohamed