C'est sensiblement le même résumé que j'ai trouvé dans un article publié par Le Matin d'Algérie sous le titre "Ouyahia accuse..." et le lien : http://www.lematindz.net/
Aussi, y ai-je répondu dans le même ordre, comme suit, et sous un autre pseudo.
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Au point 1 – Il est faux de croire qu’en règle générale les banques disposent de capitaux propres qu’elles mettent à la disposition des utilisateurs, qu’ils soient investisseurs, commerçants ou simples consommateurs.
Les fonds propres de ce type d’entreprises sont généralement engloutis dans des immobilisations (immeubles, matériels divers, véhicules, etc.) qui constituent leurs moyens de travail, sans plus. Et les financements qu’elles peuvent accorder à leurs clients proviennent en majeure partie de la banque centrale, auprès de laquelle elles servent de simple courroie de transmission entre elle et les utilisateurs des fonds débloqués. Pour une très faible partie, enfin, ces financements proviennent des dépôts de leurs propres clients. Elles sont en effet autorisées dans une marge n'excédant pas, sauf erreur, 10 % de ces dépôts, à mobiliser ces avoirs à des fins de financements externes.
Autrement dit, la banque vit de la marge d’intérêts obtenus de ses clients (cela va de 8 à 10, 12 % ou même plus) diminuée des intérêts qu’elle paie à la Banque centrale, d’environ 2, 3% ou plus).
Pour résumer, chaque dossier de prêt est supposé être instruit, dans un premier temps, en parfaite conformité avec la réglementation en vigueur, par la banque dite primaire, comme la BNA, le CPA, la BEA, etc. Il est ensuite transmis à la BCA qui décide en dernier ressort. Si la suite donnée est positive, cette dernière débloque les fonds accordés sous forme d’une simple écriture portée au crédit du compte de la banque primaire intéressée, laquelle, à son tour, en fait de même au profit de son client, sitôt réunies les conditions minimales de mise en œuvre : présentation de factures ou de crédits documentaires en bonne et due forme, signatures de traites de reconnaissance de dettes, etc. Et, dans le cas où le bénéficiaire de l’emprunt viendrait, pour une raison ou une autre, à se rendre insolvable pour partie ou totalité de l’engagement pris, c’est la banque primaire qui, au terme d’un délai fixé par la réglementation en vigueur, reste tenue de rembourser intégralement sur ses propres deniers, le montant total ou partiel de la dette restant indirectement due à la BCA.
Cette clarification faite, il est aisé de comprendre alors que si les banques ne jouent pas leur rôle d’intermédiaires entre la BCA et les emprunteurs, pour ne pas dire les utilisateurs, c’est qu’il y a un problème de fond posé soit par les trop grands risques d’insolvabilité pouvant être encourus dans ce type de crédits, soit par la lourdeur ou la lenteur des procédures requises qui dissuadent l’approche de ces dossiers.
Il est vrai que dans un pays où les falsifications, y compris de monnaie fiduciaire, sont choses courantes qui restent souvent impunies, n’importe quel banquier peut s’abstenir d’engager la responsabilité de son établissement dès lors qu’il a affaire à des clients bien souvent douteux.
C’est aussi pourquoi on ne peut pas jeter la pierre à des banques étrangères, à peine installées dans le pays, qui ont besoin de temps pour voir venir avant de s’engager dans un tel circuit de financement qui, en réalité, ne trouve sa place que dans des pays où, à tout le moins, l’ordre, la justice et l’équité sont des notions concrètes et vérifiables dans la vie de tous les jours.
Au point 2 – Ouyahia est trop obnubilé par ses œillères de fonctionnaire borné qui n’a rien d’un dirigeant d’une simple entreprise de quelque taille respectable et moins encore d’un Etat.
Pour lui, ainsi que le ferait un maître d’école agacé par le comportement d’un élève indiscipliné, il croit que brandir la sanction suffit pour ramener l’ordre. Et en ce sens, il se trompe lourdement parce que le mal qu’il veut enrayer, il eût fallu le rechercher à sa racine.
C’est parce que les douanes sont quasiment inexistantes ou corrompues qu’il est devenu possible d’acheter n’importe quoi sans facture, et donc de soustraire la vente à la TVA et aux taxes connexes. Tous les produits entrants dans le pays sont en vérité contrôlables depuis leur passage en douane jusqu’à leur consommation, sous la seule réserve que les services douaniers et fiscaux jouent pleinement leurs rôles respectifs. Il en va de même pour tous les produits créés dans le pays et mis sur le marché. Il y a assez de contrôleurs des diverses administrations de l’Etat qui sont payés à seule fin de relever et de sanctionner les carences identifiables ici ou là. Il suffit seulement de les faire travailler pour le compte de la société et non pour leur propre compte, comme cela se constate tous les jours, hélas.
Du reste, instituer une mesure aussi ridicule, qui oblige l’usage du chèque là où quasiment tout le monde, et à juste raison, ne fait guère confiance à la monnaie scripturale, c’est faire preuve de faiblesse et surtout d’incapacité de gérer l’économie du pays, en dépit des moyens colossaux disponibles mais inutilisés.
Au point 3 – Ouyahia, comme le ministre de l’habitat initiateur de l’interdiction d'extraire le sable d’oued, sont résolument bien mal renseignés pour défendre une mesure tout simplement inacceptable. Tous les manuels traitant du béton armé sont en effet unanimes pour proscrire l’usage du sable de concassage, à cause des quantités considérables de fines qu’il contient, d’un côté, et du risque trop grand de le trouver mélangé à des proportions excessives d’argile, de l’autre. Quand une pelleteuse va piocher, en effet, des agrégats à concasser, elle charge forcément et en quantité surabondante de la terre argileuse aussi impropre au béton qu’elle en ruine totalement les propriétés. Et cela, seuls les professionnels qui travaillent en étroite collaboration avec les laboratoires de travaux publics le savent pour prohiber formellement l’usage du sable de concassage dans le béton.
Au point 4 – S’il existe 22 000 importateurs théoriques en Algérie, c’est bien la preuve enfin que l’Algérie, l'espace de quelques années, s’est érigée en simple bazar où l’on trouve tous les produits fabriqués ailleurs mais pas dans le pays. Et Ouyahia, pour avoir dirigé ce dernier assez longtemps, ne saurait se disculper de la responsabilité pleine et entière de cet étrange commerce qui détruit les efforts de la collectivité. En fin de compte, il est quasiment responsable de tous les dégâts causés à l'Algérie par sa politique toujours irréfléchie faite de faux fuyants et d’expédients. L’histoire de la réinscription au registre de commerce, en dehors des tracasseries administratives dont elle est à l’origine, est l’un d’eux qui n’a rien résolu en vérité.
Enfin, à trop parler pour ne rien dire, Ouyahia aurait mieux fait de se taire. Du reste, qu’a-t-il à arborer qui soit digne d’être inscrit à l’actif de son passage, hélas trop long, aux affaires ?