Suharto, cet autre illustre dictateur est mourant

Suharto, l'ex président indonésien qui avait remplacé, si je ne m'abuse, Soekarno, sur un coup de force principalement fomenté, en 1966, par les Etats Unis, est dit-on très souffrant voire à l'article de la mort.

Mais ce n'est pas tant son état de santé ou son retrait de la scène politique, depuis 1998, qui rappelle au souvenir de ce dictateur sanguinaire. On estime plutôt entre 15 et 35 milliards de dollars les fonds qu'il aurait détournés avec son clan, au cours de ses trente-deux années de pouvoir. Et, à ce titre, il est classé premier au nombre des dirigeants qui ont détroussé leur pays.

Ce malfrat, de plus, a fort bien compliqué la tâche aux gouvernants qui lui ont succédé en les empêchant de récupérer ne fût-ce qu'une partie du butin. Il avait su placer ses proches aux différentes plus hautes fonctions de l'Etat pour s'assurer l'impunité et rendre en même temps impossible tout bouleversement en profondeur des institutions qui risque de l'atteindre. Ainsi, toutes les actions entreprises en justice contre lui, depuis sa chute, n'ont jamais abouti et butent même aujourd'hui sur le subterfuge de sa santé défaillante ou critique.

Il faut vraiment croire que les régimes musulmans où qu'ils soient sont tous logés à la même enseigne. L'impunité est toujours assurée aux plus affreux de leurs dirigeants, tant il est vrai que sous ces latitudes-là la place de l'homme est toujours privilégiée sur celle des institutions. D'où l'explication de cet énorme retard observé de bout en bout dans ces pays restés tous hermétiquement fermés à tout progrès démocratique.