TSA - 17.11.2011
par Yazid Slimani
Moins de 24 heures après avoir démenti de manière peu élégante les informations sur son limogeage publiées dimanche par TSA, Nourredine Cherouati est finalement bien limogé de la présidence de Sonatrach. Son remplaçant, Abdelhamid Zerguine, a été installé ce jeudi après‑midi. Pourtant, hier, Nouredine Cherouati accusait des individus dont les « pratiques et les habitudes ont été dérangées » d’être à l’origine de ces « rumeurs ». Il démentait formellement être sur la sellette, en usant d'insinuations douteuses, dignes d'un dirigeant politique en manque d'arguments pour convaincre.
Monsieur Cherouati pouvait‑il vraiment ignorer qu’il allait être démis de ses fonctions aujourd’hui ? Peut‑être croyait‑il encore que son sort n’avait pas été définitivement scellé en haut lieu. Un homme qui dérange des « intérêts » est forcément puissant. Comment explique‑t‑il alors qu’il ait été le dernier informé de son départ ? Pourtant, les bruits en ce sens se multipliaient ces derniers jours. En fin de semaine dernière, Abdelhamid Zerguine a été reçu à la présidence de la République où le poste lui a été proposé.
Ces questions encore sans réponse montrent une nouvelle fois la gestion à la hussarde des entreprises publiques. Le PDG de la plus grande entreprise du pays, de la première entreprise d’Afrique, est limogé brutalement, sans une annonce publique du gouvernement ou du ministère de l’Énergie. L’information est simplement relayée par le canal de l’APS. Pire, ses supérieurs l’ont laissé se ridiculiser dans la presse : ce jeudi, la majorité des quotidiens nationaux ont titré sur les déclarations de M. Cherouati. Une humiliation qui ne grandit pas ses auteurs même si le PDG sortant aurait dû se montrer plus humble.
Reste une question essentielle : ce changement à la tête de Sonatrach est‑il une bonne chose pour la compagnie ? Difficile de le dire a priori, mais ce qui est sûr, c’est qu’il n’aide pas la restructuration de la première entreprise du pays. D’ailleurs, Nouredine Cherouati affirmait hier être la cible de ceux que son plan de redressement gênait. Pourtant, son arrivée en mai 2010 à la tête de Sonatrach, avec le départ de Chakib Khelil du ministère de l’Énergie, avait été saluée par les observateurs qui voyaient en lui l’homme capable de restaurer la confiance des salariés et des partenaires du groupe après le scandale de corruption qui l’avait secoué. Mais la lune miel n’a pas duré longtemps avec les problèmes que Sonatrach a rencontrés : le manque d’investissements étrangers dans les hydrocarbures, les revendications en interne notamment à Hassi R’Mel, le développement décevant du secteur du GNL, etc…
Enfin, pour la compagnie, ce nouveau changement de direction en moins de deux ans donne à ses partenaires une image d’instabilité inquiétante après les scandales de corruption. Et le successeur de Cherouati, Abdelhamid Zerguine, aura lui aussi beaucoup de difficultés à s’imposer comme un interlocuteur de poids face à ses partenaires et clients.