Le fléau de la corruption a tellement gagné en profondeur dans le pays que les Algériens, toutes catégories confondues, finissent par se laisser prendre au premier piège tendu par de vulgaires arnaqueurs.
El-Watan d'aujourd'hui relate l'arrestation, toujours à Sidi-Bel-Abbès, d'un chenapan de 31 ans qui a réussi, sans trop de mal, à laisser accroire à de nombreux gogos qu'en tant qu'employé bien introduit à la Banque de développement local (BDL), il était en mesure de leur faire débloquer des prêts, contre, cela va de soi, de juteuses commissions qu'il se faisait attribuer par avance. Neuf victimes parmi celles identifiées, des commerçants, reconnaissent avoir été délestés de la coquette somme totale de 3,29 millions de dinars.
Telle pratique, devenue extrêmement courante depuis de longues décennies déjà, n'est pas en vérité une innovation de l'Algérie indépendante. Les passe-droits accordés ouvertement aux serviteurs de l'Algérie coloniale, caïds, garde-champêtres, aghas, bachaghas, etc., s'étaient tellement incrustés dans les esprits d'alors qu'un demi-siècle d'indépendance ne suffit pas encore à effacer de la mémoire des pratiques aussi basses qu'attentatoires à la dignité humaine. Ajoutée à cela une justice au rabais ne punissant généralement que les petits malfrats et autres pickpokets sans envergure, l'on obtient ces déviances toutes singulières qui se multiplient démesurément pour faire de l'Algérie un pays croulant carrément sous la corruption.