Depuis quelques mois, il n'est pas un jour où un nouveau scandale de corruption n'a pas été mis au jour dans le pays. Après celui très retentissant des marchés de l'autoroute est-ouest, portant sur des milliards de dollars détournés à leur profit par de hauts responsables de l'Etat et des tiers, dont le célèbre Pierre Falcone, mondialement connu dans ce genre d'activité criminelle et parasitaire, c'est le scandale de Sonatrach qui continue encore de défrayer la chronique. Son ancien PDG et ses deux fils sont tombés dans les fourches caudines de la justice qui exige d'eux des comptes.
Aujourd'hui, on annonce que les deux derniers PDG de l'Entreprise du port d'Alger ainsi que quelques-uns de leurs adjoints ont été arrêtés hier soir, suite à une enquête diligentée par le DRS, le service de renseignements de l'Armée.
Par personnes interposées, le président Bouteflika et le général Toufik, responsable du DRS, s'échangent ainsi des gnons à fleuret moucheté. Le premier se dirait mécontent des obstructions dressées par le second pour l'empêcher de laisser la succession à son fils Saïd ; le second semble piqué à vif par la décision prise par le premier de rouvrir deux dossiers brûlants : l'assassinat du général Fodil, en 1996, et du président Boudiaf, en 1991, qui mettrait en cause la haute hiérarchie militaire.
Ces manifestations fort singulières d'un régime pourri apportent une fois de plus la preuve que la rapine des biens nationaux est sa seule préoccupation. Et cette clique de mafieux pendables se trouve à regret si bien ancrée aux commandes de l'Etat depuis l'indépendance qu'il devient de plus en plus incertain de pouvoir l'en déloger sans effusion de sang.