TSA - 17.02.2012
par Achira Mammeri
Dans un message aux militants du FFS Hocine Aït Ahmed estime que le boycott des législatives ne serait qu’un pis-aller
Les élections législatives constituent un véritable dilemme pour le président du Front des forces socialistes (FFS), Hocine Aït Ahmed. Dans un message écrit, adressé ce vendredi 17 février à ses militants et lu, au terme de la convention nationale, par le premier secrétaire Ali Laskri, il affirme que le boycott du prochain scrutin ne constitue pas un meilleur choix que la participation, même si, au fond de lui, il est convaincu que les prochaines élections ne seront pas transparentes. « Il est bien peu probable que les prochaines élections soient des élections ouvertes. En fait, et sans précautions inutiles, les prochaines élections n'ont aucune chance d’être des élections ouvertes », lit‑on dans le message.
M. Aït Ahmed prend à témoin l’opinion publique nationale et les militants : « nous ne pourrons donc pas assurer que nous allons sanctuariser le pays, veiller à la sécurité nationale et initier le changement démocratique en y participant ». Il estime également « qu’aucun boycott ne peut assurer qu’il constitue une alternative efficace à la participation ».
M. Aït Ahmed ne donne aucune instruction à ses militants dans ce message, affirmant que la décision finale émanera des débats tenus au niveau de la base. Il parle, pour la première fois, des clivages qui traversent le parti et qui ont failli, plus d’une fois, causer sa perte. Il donne cette précision de taille qui prend les allures d’une réponse adressée à ses détracteurs à l’intérieur comme à l’extérieur du parti : « j’assume avoir dû, dans des conditions extrêmement pénibles, prendre des décisions qui ont pu sembler unilatérales. Elles ne l’ont jamais été ». M. Aït Ahmed poursuit : « il m’est arrivé de trancher entre des propositions différentes, voire divergentes, mais je n’ai rien ordonné ni engagé, selon mon seul entendement car nul homme sensé ne devrait laisser son jugement devenir tributaire de son seul entendement ». Et M. Aït Ahmed d’accuser le pouvoir « de plaquer sur nos propres divergences les manœuvres malveillantes de sa police politique, suscitant et encourageant le travail de sape et de division dans le parti comme dans le pays ».
Il notera que la même méthode a été utilisée pour accuser le parti, tour à tour, de menacer l’unité de l’Algérie, celle du pôle démocratique et enfin, celle de la Kabylie. À ceux qui doutent de son engagement, il répond : « à l’unité de la Kabylie, nous tenons autant qu’à l’unité de chaque région d’Algérie et de l’Algérie elle‑même ».
Le chef du plus vieux parti d'opposition reconnaît que le pouvoir a réussi à obliger les partis et les Algériens à revoir les priorités de l’heure. « Nous voici contraints par l’état de délabrement du pays, à discuter de l’opportunité de participer ou non à une consultation électorale. Nous sommes arrivés à un moment où les consciences elles‑mêmes sont soumises à une pression intolérable, en vue de leur détournement », avoue M. Aït Ahmed.
La dépendance alimentaire, énergétique, industrielle culturelle et politique, le désengagement de l’État face à la détresse des citoyens piégés par le mauvais temps, sont autant de sujets prioritaires relégués au second rang par l’échéance électorale. M. Aït Ahmed évoque brièvement les réformes politiques puisque, pour lui, « notre pays, ce n’est pas une batterie de lois mais un dispositif et une volonté politique qui rendraient possible leur application », affirme‑t‑il.