Mis à part les médias qui, avec grand bruit, rappellent chaque jour les différentes rencontres organisées ici et là dans le cadre de la campagne des législatives, le peuple de la rue, lui, reste quasiment fermé, voire totalement indifférent à ces manifestations.
Il suffit de suivre, dans les journaux, le grand étalage, devenu rituel, des débordements mettant directement en cause les dirigeants, à tous les niveaux, dans la dilapidation des biens du peuple, dans la corruption, cette gangrène qui ronge dangereusement les assises du pays, pour expliquer la tiédeur, voire le rare engouement des gens à se rendre aux urnes. Pourquoi voter, se demandent les uns, si, comme par le passé, ces élections servent toujours à distribuer, sur le dos du contribuable, des prébendes à de soi-disant représentants du peuple peu enclins, une fois élus, à se donner quelque peine, dans le meilleur des cas, de chercher à connaître leurs électeurs ? Quand on observe, remarquent les autres, chez nombre de ces candidats qui plastronnent souvent à la tête de la plupart des partis politiques sortant de l’ombre exclusivement lors de chaque curée, le niveau culturel et surtout l’incapacité à assimiler les simples rudiments à caractère particulièrement économique, il n’est guère étonnant de constater le grand écart qui sépare les technocrates, qui élaborent les décisions, de la grande majorité de nos parlementaires réduits le plus souvent à jouer le rôle de la claque à l’assemblée.
En imaginant, enfin, les rémunérations et avantages royaux, particulièrement indécents, que s’octroient nos députés, sans se sentir le moindrement tenus de donner une partie de leur temps, à défaut de comprendre et moins encore de modifier l’esprit des textes théoriquement “soumis“ à leur examen, il est aisé de saisir le sens de la désaffection populaire grandissante à l’égard de ce type de scrutin. Quand on sait, de plus, que sont ainsi nourries à vide deux pleines assemblées, des années durant, sans aucune contrepartie notable, on a plutôt envie de crier son ras-le-bol, d’autant plus que le régime despotique qui tient les rênes du pays ne semble guère disposé, aujourd’hui comme hier, à partager son pouvoir de quelque façon que ce soit.