L'agression US contre l'Iran est toujours d'actualité

Ouf ! l’agression tant redoutée de l’Iran ne s’est finalement pas produite ; du moins à ce jour. La vitrification de ce pays que tout le monde craignait ne semble pas être à l’ordre du jour, tant il est vrai que Bush a d’autres sujets plus triviaux de préoccupation. Empêtré jusqu’au cou dans sa guéguerre d’Irak, où il compte désormais beaucoup plus nombreuses ses propres victimes ; simple homme de paille incapable de comprendre les mécanismes économiques qui mettent l’économie mondiale, et d’abord de son propre pays, en piteux état avec la chute annoncée du dollar ; piètre gestionnaire des fonds publics et même de ses fonds privés – il aurait d’ailleurs montré, à ce sujet, des talents d’escroc à l’égard de ses anciens associés qui n’attendent que son retrait de la Maison Blanche pour l’ester en justice -, Bush, devenu la risée du monde entier, est, le moins qu’on puisse dire, dans une situation extrêmement fâcheuse.

Pelosi, de la Chambre des représentants, lui donne de plus tellement de fil à retordre que cet ancien alcolo invétéré est sommé de réfléchir par deux fois à l’avenir avant de s’engager dans toute nouvelle entreprise d’agression militaire d’un pays du tiers-monde, fût-il de la taille de l’Iran, qui refuse de composer avec lui ou de se soumettre à son diktat. Des toutous, qu’on a pris soin de corrompre au préalable avec des dollars sans valeur, ça s’est peut-être trouvé en Irak ou ailleurs, mais rien n’est moins sûr en Iran.

Il ne serait pas non plus surprenant qu’en trame de fond de cette volte-face imprimée aux préparatifs pourtant bien avancés de l’agression programmée contre l’Iran se révèle, en définitive, un refus net de l’armée américaine de suivre cet arrogant boutefeu dans son projet. Ne s’est-elle pas d’ailleurs déjà exprimée clairement à contresens de ce dernier quand elle avait imposé sans ambages le départ de Rumsfield, le proche de Bush et ancien ministre de la Défense, initiateur du projet ?

Il est loin le temps où le peuple américain, travaillé en profondeur par les médias acquis à la solde de Bush et de ses acolytes, approuvait à une large majorité les agressions engagées contre l’Afghanistan d’abord – et non l’Arabie saoudite d’où provenaient la plupart des terroristes impliqués dans les attaques du 11 septembre -, et l’Irak ensuite. Il est également loin le souvenir de la compassion que le monde entier s’était empressé de témoigner à ce peuple frappé alors si sauvagement. L’examen, depuis, et l’analyse détaillée des événements vécus ce douloureux jour tendraient plus gravement encore à impliquer Bush et ses services spéciaux dans ces attaques montées de toutes pièces par eux, pour justifier les actions d’agression gratuite qui ont suivi. Y a-t-il une part de vérité dans ces insinuations ? seule l’histoire nous l’apprendre un jour.

Cet article me fait penser justement à la campagne qu'on peut appeler de désinformation dans laquelle s'impliquent désormais Blair et ses coéquipiers. A voir le démenti franc et net qu'il tente d'imposer au monde, en contredisant carrément les déclarations de l'Iran quant aux aveux faits devant leurs interrogateurs par les marins anglais fraîchement libérés, on n'est pas loin de penser à la propagande mensongère que le tandem Bush-Blair s'échinait péniblement à diffuser avant et pendant leur dernière agression inachevée de l'Irak. C'est vraiment pitoyable de constater aujourd'hui encore l'état de délabrement dans lequel les valeurs humaines sont réduites au nom de l'argent.

50 experts, venus de 14 pays, se sont rencontrés à Luxembourg, la semaine dernière, à l’effet de discuter de la menace dite du terrorisme nucléaire, née de la mise sous le boisseau du traité de non prolifération nucléaire. Si peu de choses ont filtré de cette réunion tenue quasiment à huis-clos, la possibilité d’une confrontation prochaine, fin juin, entre Washington, qui ne semble pas avoir abandonné son projet de raser les installations iraniennes, et Téhéran, a été évoquée pour souligner la nécessité d’écarter ainsi toute menace pouvant provenir de ce pays.

A cette occasion, les propos tenus par El-Baradey, directeur de l’AIEA, qui avaient soulevé l’ire des USA, ont été explicités dans un sens que les experts ont mieux perçus : "Le chemin de la sécurité ne peut pas être pavé de bombes. Il faut rechercher une solution dans la formation d’un milieu où l’arme nucléaire serait interdite par définition".

Prohiber l’arme nucléaire est certes un vœu que nourrit du fond de son âme l’humanité entière, sous réserve, toutefois, que toutes les puissances nucléaires se débarrassent totalement de leurs stocks. Mais prohiber cette même arme pour les seuls pays émergents, n’en disposant pas mais qui s’échinent à l’avoir pour mieux assurer leur sécurité, serait injuste et inacceptable, le club de ceux qui la possèdent exerçant de longue date déjà sur le reste du monde des contraintes tout aussi inadmissibles qu’injustes. Israël en est l’exemple vivant…

Des renforts, de l’aéronavale américaine déjà en place à portée de l’Iran, sont annoncés pour les jours prochains. Le groupe de frappe CVN 65-Big E de l’USS Enterprise rejoindra bientôt les porte-avions USS Stennis et USS Nimitz. Par cet acte, les USA joignent le geste à la parole, eux qui, par la bouche de Dick Cheney, ont promis aux Emirats du Golfe, pour les protéger, une armada de 4 porte-avions, au total.

Toute une flotte d’appoint complètera désormais les forces mises en place, que retrouvera, dans un avenir également proche, le 4è porte-avions destiné à assurer les arrières des trois premiers et à sécuriser le Golfe d’Aqaba et le Canal de Suez.

A un peu plus d’un an de sa fin de mandat, Bush, qui ne semble guère avoir tiré la leçon de son échec retentissant en Irak, se décide apparemment à ouvrir un autre front, en Iran.

Selon la chaîne télévisée américaine, Fox, puisant elle-même ses sources au Pentagone, Condolezz Rice, secrétaire d’Etat, soutenue par James Jeffrey, conseiller adjoint du président pour la sécurité nationale, John Rood, secrétaire d’Etat adjoint en charge de la sécurité, et d’autres partisans penchent désormais pour l’usage de la manière forte contre l’Iran.

L’Allemagne s’étant déclarée opposée à l’application de sanctions contre ce pays, en raison des répercussions négatives qu’elles ne manqueront pas de générer sur son économie, il ne reste plus aux USA qu’à remettre au goût du jour le projet d’une attaque en règle de l’ensemble des sites nucléaires iraniens, après anéantissement, au cours, pense-t-on, d’une simple semaine de frappes continues, de toutes ses forces anti-aériennes.

Pour atteindre, d’ailleurs, les sites nucléaires enfouis sous le sol, une bombe spéciale de 14 tonnes vient d’être mise au point.

De son côté, le président du Conseil d’experts du comité non gouvernemental de politique à l’égard de l’Iran (Iran Policy Comitee), McInerney, général-lieutenant à la retraite, ancien chef d’état-major adjoint de l’US air force, estime que le bombardement pourrait être mené au départ par 65 ou 70 avions de technologie dite Stealth, appuyés par 400 avions classiques.

L’agression est envisagée dans les dix-huit mois à venir. Elle alimente, non sans fondement, les craintes déjà exprimées depuis près d’un an, suite à l’envoi dans la région de deux porte-avions accompagnés d’autres navires de guerre.

Depuis la mise en ligne, par Arthémis, de cette dernière information, j'ai quasiment fouillé en vain l'ensemble de la presse (agences et journaux) à l'effet de trouver quelque commentaire ou complément pouvant donner plus de lumière à ce nouveau bruit de bottes inquiétant. Seule l'agence russe Ria Novosti, qui relate grosso modo la nouvelle dans les formes écrites ici, en semble préoccupée, dans le prolongement de toute une série d'articles qu'elle a déjà consacrés aux préparatifs de guerre contre l'Iran, depuis de longs mois déjà.

La distance ainsi prise par les médias ne peut être, de mon point de vue, que spécialement voulue au sommet des Etats pour prévenir d'éventuelles protestations populaires dans la rue, qui réduiraient du même coup la popularité, déjà largement entamée, de Bush.

C'est enfin dans ce sillage qu'il faut vraisemblablement inscrire l'appel d'aujourd'hui de Sarkozy à l'adoption de nouvelles sanctions contre l'Iran.

Ah ! Une nouvelle dépêche de l'AFP, publiée il y a un instant, rapporte, en ces termes, la déclaration faite ce soir par Bernard Kouchner, ministre français des Affaires étrangères, sur un plateau de télévision, :

"Il faut se préparer au pire, qui est la guerre", sous-entendu avec l'Iran.

Considérant que le monde ne peut accepter que ce pays vînt à disposer de la bombe, le ministre estime que l'alternative est incontournable si Téhéran continue dans la voie de l'enrichissement de l'uranium.

Analysant les réactions de la presse arabe à la déclaration de Bernard Kouchner, le journal Libération rapporte que :

• Le quotien El Watan, du Qatar, note que « La politique de la France semble vouloir remplir le vide laissé par Tony Blair et devenir le nouveau sous-fifre de la politique américaine, sans crédibilité ni vision ».

• Gulf News, un autre quotidien émirati, la qualifie de « décevante et surprenante », en ajoutant : « Le ministre français, un ancien activiste pacifiste, est en train de jouer le jeu de l’administration américaine qui ne semble pas pouvoir sortir du désordre irakien ».

Le journal El-Watan, d'Alger, pose, lui, la question de savoir si la France ne projette pas de déclencher elle-même la guerre à l'Iran. Ils estime qu'une telle menace, précédée par une déclaration de Sarkozy qui "laissait le choix à l'Iran de fabriquer sa bombe ou d'être bombardé", doit être prise au sérieux.

Pour ce quotidien, Bernard Kouchner, s'acharne ainsi à "faire prendre pied à la France dans la région du Proche-Orient", en mettant en oeuvre au besoin une diplomatie musclée pour baliser le terrain. En agissant, de plus, "en sous-traitant des Etats-Unis... qui n'ont plus les moyens d'ouvrir un autre front avec l'Iran", les propos de Bernard Kouchner sont assimilables "à une offre publique de service dont son pays, la France, se passerait volontiers tant il est confronté à des difficultés économiques qu'il faudra des années au président Nicolas Sarkozy pour pouvoir les résorber".

Il termine enfin par inviter Kouchner et son gouvernement à s'atteler "à la réalité du chômage, celle des banlieues et du délitement accentué du pouvoir d'achat dont ne sont pas venues à bout d'euphoriques promesses du président élu".

Comme s'il faisait machine arrière, Bernard Kouchner, semble mettre un bémol à ses menaces d'agression de l'Iran.

A Moscou, où il vient de rencontrer, ce matin même, son homologue russe, Sergueï Lavrov, il a appelé cette fois à tout faire pour "éviter la guerre" contre l'Iran, en continuant "à négocier sans relâche", tout en travaillant sur des "sanctions", écrit une dépêche de l'AFP.

Démenti sans doute par sa hiérarchie, à la suite des propos belliqueux tenus sur le plateau de RTL, l'avant-veille, l'ancien soi-disant pacifiste s'est même empressé de préciser que "il n'y a pas de menace de guerre, en tout cas pas de la France".

Son hôte, qui a davantage la tête sur les épaules, s'est dit plutôt inquiet d'observer que l'on prône une fois encore l'usage de la force contre l'Iran, et que l'on se prononce unilatéralement pour des sanctions, sans même en référer à l'ONU.

Aussi, se demande-t-il quel intérêt les USA et l'UE trouvent-ils à prendre contre ce pays d'autres sanctions, plus sévères encore, que celles déjà prises par le Conseil de sécurité.

Le report à une date encore indéterminée de l’agression de l'Iran, préparée de longue date déjà par le tandem israélo-américain, bute, sans nul doute, sur des considérations non négligeables, quand bien même l’approche de la fin de mandat de Bush eût-elle milité pour un déclenchement immédiat des hostilités.

Au nombre de ces considérations, essentiellement économiques, dont les conséquences pourraient affecter notablement le ravitaillement mondial en pétrole provenant du Moyen-Orient, Ria Novosti, dans un article publié hier, évoque les capacités de riposte de l’Iran qui ne sont pas à écarter.

Le détroit d’Ormuz, d’une largeur de 54 km seulement, que traverse un pétrolier toutes les dix minutes, risque, en effet, d’être facilement bloqué, comme cela fut le cas en 1987 où un superpétrolier américain avait sauté, provoquant l’arrêt de la navigation et par contrecoup une crise pétrolière dans le monde.

Téhéran détient aujourd’hui des missiles, non seulement capables d’atteindre Israël et les bases américaines d’Irak, mais de couler une partie de la flotte américaine, et menacer l’ensemble des pétroliers engagés dans cette zone. Le missile-torpille testé récemment par l’Iran se déplacerait à plus de 100 km/heure, une vitesse largement suffisante pour occasionner de grands dégâts en mer.

Enfin, il est fait état du corps des 40 000 kamikazes dont le défilé, en février dernier, avait d’autant plus créé la surprise que l’on s’interroge, aujourd'hui encore, pour quel dessein l’a-t-on constitué.

Sur l’antenne de Canal+, Hervé Morin, ministre français de la Défense nationale, vient de démentir les propos de Bernard Kouchner, en affirmant que la France « ne prépare aucun plan militaire contre l’Iran ».

Ce dernier, qui a déjà été désavoué sur le même sujet par Fillon, le Premier ministre, en provoquant l’ire à la fois des cercles politiques français et internationaux aura donné la preuve de sa totale incapacité à jouer au diplomate, une fonction qui ne semble guère lui seoir.

Enfin, rien ne surprend de la part d’un homme, considéré désormais comme renégat par son ancien parti le PS, qui a osé, en d’autres temps, défrayer la chronique en apportant, avec quelques rares fêlés de son espèce, son étrange soutien à l’agression criminelle et sauvage de l’Irak.

Selon le Corriere della sera, un journal italien, le Saint-Père aurait refusé, cet été, de recevoir Condolezza Rice, la secrétaire d’Etat américaine.

L’auteur de l’article attribue ce rejet à la désapprobation de la politique américaine menée au Moyen-Orient par Bush, à l’endroit notamment des minorités chrétiennes d’Irak, auxquelles la nouvelle Constitution du pays n’accorde qu’une portion congrue.

L’éventualité d’une guerre contre l’Iran est également considérée comme « un grand malheur », par le Vatican, ajoute-t-il.

Un article de Seymour Hersh, paru dans le New Yorker d’aujourd’hui, a été repris par le journal Le Monde.

Selon ce journaliste, Washington aurait révisé, cet été, sa stratégie militaire à propos de son attaque en perspective de l’Iran. « Le but des plans était une large campagne de bombardements, avec des cibles comprenant des sites nucléaires connus ou suspects ainsi que des cibles militaires. Maintenant, on insiste sur des frappes chirurgicales contre des installations des Gardiens de la révolution à Téhéran et ailleurs d’où sont lancées, selon l’administration, des attaques contre les Américains en Irak », écrit-il.

Cette remise en cause tiendrait, selon lui, à trois causes : « Premièrement, le président et ses conseillers ont conclu que leur campagne pour convaincre le public américain que l’Iran était un danger nucléaire imminent n’a pas marché, contrairement à celle menée avant la guerre en Irak… Deuxièmement, la Maison Blanche a finalement adopté le consensus, partagé par la communauté de renseignements américains, que l’Iran est encore à cinq ans d’obtenir une bombe. Enfin, il y a une reconnaissance grandissante, à Washington et au Proche-Orient, que l’Iran est le grand vainqueur géopolitique de la guerre en Irak ».

Selon un ancien responsable des renseignements, ajoute Hersh, Dick Cheney cherche désespérément à « mener une action militaire en Iran le plus vite possible ». Abondant dans son sens, le général Patraeus, chef des forces armées américaines d’occupation en Irak, aurait même écrit dans son rapport : « Personne ne s’était rendu compte du degré de participation de l’Iran. Téhéran mène une guerre par procuration contre l’Etat irakien et les forces de la coalition ».

Que penser de ces cogitations ? Nous ne tarderons certainement pas à le savoir, dans les semaines qui viennent avec la dégradation apparemment rapide de la situation en Irak.

Se sachant totalement contesté - les derniers sondages le montrent clairement - et surtout très proche de la fin de son mandat, Bush doit se faire maintenant bien petit pour tenter de se tirer de la Maison Blanche avec quelques modestes et rares honneurs. Lui qui a tout raté, et que l'on affuble désormais de toutes sortes de noms d'oiseaux, ne peut plus rien décider pouvant compromettre l'avenir de son pays. Du reste, dans ses propres rangs, il se trouve assez d'opposants à sa politique pour lui barrer éventuellement la route contre toute tentation de rouvrir les hostilités pas plus en Iran qu'ailleurs.

C'est en quelque sorte un homme fini, totalement écrasé par le poids gigantesque de ses divagations, de ses errements et de ses idioties. La Justice l'attend d'ailleurs au tournant pour s'expliquer à propos des escroqueries dont il s'était rendu coupable du temps où il s'estimait capable de gérer une simple entreprise. L'ayant plutôt conduite à la faillite, après s'être emparé frauduleusement de ses capitaux, cet énergumène s'est retrouvé, par la grâce du piston dispensé par son père, à la tête d'un Etat colossal pour le conduire aux extrémités par quoi on le désigne aujourd'hui. Les USA, par les massacres et la torture qui ont accompagné leur aventure irakienne, se démarquent désormais du monde dit civilisé. Ils sont relégués au rang des pays arriérés dénués tout simplement de la morale élémentaire.

Qui sait ? C'est là peut-être la vraie place des USA, un tigre en papier sans plus, pour paraphraser Mao.