DNA.fr - 22 Janvier 2012|
par Chahrazed Lamrikène
Ce qui est permis au pouvoir est interdit aux autres. Le ministre des Affaires religieuses et du Wakf, Bouabdallah, Ghlamallah, a indiqué dimanche 22 janvier à Alger que le gouvernement ne « tolérera jamais » que les partis politiques exploitent les mosquées à des fins électoralistes à l’occasion des prochaines élections législatives. En 2007, le même ministère affirmait que « la mosquée est un lieu de culte et non un endroit pour faire de la politique ».
La politique ne sera pas totalement absente de ces lieux de culte puisque les imams chargés des prêches, même s’ils n’ont pas reçu d’instructions dans ce sens, d’après le ministre, pourront inciter les gens à aller voter. Voter « est un acte de responsabilité et de citoyenneté qui sont des préceptes de notre religion », a précisé M. Ghlamallah.
Le ministre qui s’exprimait sur les ondes de la Chaîne I (arabophone, NDLR) de la Radio nationale a souligné que « la campagne électorale est interdite dans la mosquée car elle constitue une atteinte flagrante à cette enceinte ».
Utiliser la mosquée pour mener sa campagne électorale « constitue une atteinte à cette enceinte eu égard aux débats et querelles qui caractérisent ce genre de campagne et c'est ce que nous ne tolérerons jamais », a-t-il averti.
Il a ajouté que le ministère veille à « l’interdiction de ce genre de comportement dans toutes les mosquées du pays » relevant que son département avait pris des mesures juridiques pour éviter que « les mosquées ne se transforment en tribunes électorales ou en porte-voix de partis ».
Le ministre a par ailleurs estimé que l'imam « est seul habilité à prêcher dans la mosquée » soulignant que « nul n’a le droit de s’exprimer au sein de la mosquée sans l’autorisation de l’imam qui est le seul responsable de tout ce qui se dit à l’intérieur de cette enceinte ».
M. Ghlamallah a démenti que son département aurait donné des instructions aux imams visant à inciter les citoyens dans les prêches à aller voter lors des prochaines législatives mais sans toutefois écarter que les imams n'évoquent ce sujet dans leurs prêches d’autant plus que le vote « reste un acte de responsabilité et de citoyenneté qui sont des préceptes de notre religion », a-t-il dit.
Le ministre a en outre rappelé le rôle de l’imam qui consiste, a-t-il soutenu, à « sensibiliser les citoyens à l’importance de se diriger aux bureaux de vote pour accomplir le devoir électoral sans toutefois les orienter vers une liste précise » estimant que l’imam « ne doit avoir aucune appartenance politique pour qu’il accomplisse sa mission pleinement ».
Paniquées devant la perspective quasi certaine d’un très fort taux d’abstention lors des législatives de mai prochain, les autorités multiplient les initiatives pour inciter les Algériens à se rendre aux urnes.
Vendredi 20 janvier, le ministère de l’Intérieur avait mobilisé les trois opérateurs téléphoniques pour envoyer des SMS à leurs clients vantant les vertus citoyennes du vote.
Ce n’est guère la première fois que le gouvernement se sert de la mosquée, il existe quelque 14 000 en Algérie, comme lieu de propagande.
En juillet 2011, le même ministère avait demandé aux imams d’inciter les estivants à ne pas se rendre à la plage durant le mois de ramadan pour éviter la tentation.
Pourtant, le ministère des Affaires religieuses affirmait en 2007 que « la mosquée est un lieu de culte et non un endroit pour faire de la politique » et qu’un projet de loi interdisant aux imams de faire de la politique était en préparation.
Le projet n’a jamais vu le jour et le ministère s’est souvent dédit.
Qu’importe si le gouvernement se renie, pourvu que les électeurs ne boudent pas les urnes.
(http://www.dna-algerie.com/interieure/algerie-la-politique-dans-les-mosquees-interdite-aux-partis-mais-permise-pour-le-pouvoir)