LePost.fr - 16.01.2012
C'est à la grandeur de ceux qui nous gouvernent que l'on mesure le rayonnement d'une Nation. Pour le coup, il est préférable que nous ne passions pas sous la toise, le verdict serait terrible. Il n'est maintenant pas un jour où une petite phrase assassine, une vaine polémique, une affaire frauduleuse ou un scandale ne sortent des cartons d'une presse, pourtant, qui fait preuve d'une grande mansuétude pour ces tristes pantins.
Les petits métiers fonctionnent à plein régime dans les officines spécialisées dans la réplique qui fait mouche, le mot qui tue plus surement qu'il n'élève, la vieille histoire que l'on va sortir du chapeau. Il se dit qu'autour du président, une armée de spécialistes assure une garde rapprochée du futur candidat en remuant la boue dans le passé de ses adversaires !
On ne recule devant aucune bassesse pour faire du "buzz" comme ils disent dans un langage qui perd toute dignité. Alors, chacun fait le pied de grue devant tout ce qui peut porter micro ou caméra. Il faut se montrer et surtout égratigner fort, casser l'autre, vomir sa haine et son mépris. Le jeu serait fort amusant s'il n'y allait pas de la vie quotidienne de millions de braves gens qui se désespèrent et n'ont que faire de tant de vulgarité.
Voilà ceux qui se prétendent notre élite ! Quand on assiste médusé à ce qu'ils nomment "débat" dans l'assemblée, ce ne sont que cris, vociférations, gestes déplacés et autres fantaisies qui ne seraient pas même acceptables dans des classes pourtant bien bruyantes de nos jours. Qu'une émission propose débat entre deux individus qui se disent respectables et c'est la foire d'empoigne. On se coupe, on parle plus fort, on ne s'écoute pas, on ne se respecte pas… Quel triste spectacle !
Ces gens sont rentrés en campagne et la manière sera pire encore. Les noms d'oiseaux vont voler, les insultes tombent plus sûrement que les vérités. C'est le festival de la langue de bois, du détournement de sens, du faux-semblant et de la contre-vérité. Quelques chiffres, une grande gloire du passé et roule ma poule, toutes les couleuvres sont bonnes à avaler lorsqu'elles sont bien enrobées. Un vrai bonheur de niaiseries et de provocations incroyables.
Mais gare à nous si nous osons élever la voix contre ceux-là. Il faut de la mesure, de la décence, du respect dans l'expression du vassal à ses maîtres. Ils sont ceints d'une écharpe tricolore, ils ont la rosette à la boutonnière, cette marque d'indignité et de vacuité plus que d'honneur et de grandeur. Ils sont inattaquables et le premier d'entre eux est auréolé de sa fonction pour échapper à toute attaque et moquerie.
Ainsi, l'ère des Tartuffes arrive à sa fin. La toile va les engluer dans ses filets. Les dérapages que l'on veut effacer, le scandale qu'il faut étouffer, l'indignité qui doit passer sous silence sont repris, amplifiés, se propagent de proche en proche. Les fourbes sont nus devant la foule en colère, les hypocrites sont démasqués par les anonymes et les minables de ce pays, les margoulins vont passer à la trappe.
Les électeurs agiront en connaissance de cause. Ils ne donneront plus leurs voix aux rois du vol libre, aux brigands des marchés publics, aux magouilleurs, prévaricateurs, agioteurs et toutes les qualités qui font la gloire du métier politique. Le Tartuffe doit aller à découvert, il ne peut nous faire la grimace. Internet le montre d'un doigt vengeur qui pianote sur un clavier. La vérité éclatera au grand jour...
Hélas, je me suis laissé emporter par une naïveté qui n'est pas encore de saison. Le fric et le pouvoir se rient encore de ces vaines menaces. Les tartuffes ne risquent rien sur nos médias nationaux. C'est l'entre-soi des gens d'en haut, nous ne sommes pas conviés au festin et nous subirons longtemps encore la loi de ces faquins ! Nos petits billets ne sont que si peu de chose.
Découragement leur.
D'autres Tartuffe sévissent ici ou ailleurs. Une dame aux desseins clairs établit des listes en ce lieu pour déterminer qui continuera à pouvoir écrire une pensée conforme. Je ne suis pas des élus, des gens fréquentables. Bientôt, le pouvoir de l'argent me fera taire. La campagne électorale sera débarrassée de quelques vilains moucherons. Serions-nous si dérangeants ? Je survivrai modestement chez moi, loin du fracas et des visites nombreuses :
http://www.chroniques-ovales.com/
L’auteur
C'est Nabum
(http://www.lepost.fr/article/2012/01/16/2679935_les-tartuffe-au-pouvoir.html)