L’on se rappelle l’image troublante de Colin Powell, l’ancien secrétaire d’Etat américain, brandissant avec assurance et ostensiblement à l’ONU, le 5 février 2003, une fiole d’un supposé liquide présenté comme étant la preuve de la fabrication d’armes chimiques par Saddam Hussein.
La soi-disant preuve était là pour justifier, quinze jours plus tard, l’agression faite à l’Irak avec sa cohorte de dégâts humains et matériels immenses et irréparables, son occupation militaire non levée aujourd’hui encore, ses attentats fratricides qui mutilent les populations, etc. Et des armes de destruction massive, toutes les recherches entreprises depuis se sont révélées vaines.
Mais, hier, la télévision américaine CBS a présenté, à l’issue de deux ans d’enquête, Rafid Ahmed Alwan, ce transfuge irakien, réfugié en Allemagne depuis 1999, qui avait réussi à convaincre les autorités allemandes d’abord, américaines ensuite, de l’existence, en Irak, de laboratoires fabricant des armes chimiques.
Se disant chimiste lui-même, ayant effectivement travaillé sur un site, il avait même, pour corroborer sa thèse, cru devoir inventer le décès de douze de ses collègues, qui auraient manipulé imprudemment des produits chimiques supposés très dangereux.
Sur la foi de déclarations aussi stupides qu’inexactes, les Allemands ont aussitôt transmis leur rapport aux autorités américaines qui cédèrent à leur tour au besoin de croire sur parole les allégations de cet étrange renégat, par la faute duquel l’Irak serait quasiment détruit, rangé désormais dans une instabilité permanente et voué à un sort des plus incertains.
Le plus extravagant dans cette histoire farfelue, qu’Allemands et Américains ont gobée comme de vulgaires nigauds, est qu’à l’origine, Alwan voulait ainsi offrir des raisons valables à son pays d’accueil pour lui accorder un simple titre de séjour.