Haïti, que la nature avait lourdement frappé lors du séisme de janvier 2010 où des centaines de milliers de personnes ont trouvé la mort à Port-au-Prince et un million de sinistrés renvoyés sous des abris de fortune dans la rue, devait, à la faveur d'élections pluralistes tant applaudies, amorcer ses premiers pas vers la démocratie avec l'élection de Martelly à la présidentielle. Cette élection, enfin officialisée avant-hier, avait d'ailleurs trop traîné en longueur par suite des manigances aussi déplacées que condamnables de René Préval, le président sortant, qui, comme les dictateurs arabes ou africains, projetait sans doute de garder le pouvoir à vie.
Malheureusement, si la communauté internationale, qui a financièrement pris en charge l'organisation de cette élection, a fini par faire prévaloir le droit, en imposant non sans grand peine un second tour expurgé du challenger soutenu par le pouvoir, pour désamorcer la crise, voici que l'on annonce, hier soir, de graves fraudes qui auraient entaché et compromis les élections législatives organisées en même temps. La sanction immédiate est que, dès publication des résultats officiels, de violents incidents ont éclaté dans la rue, faisant déjà en province un mort et plusieurs blessés et augurant de possibles troubles beaucoup plus graves dans les jours prochains.
Seulement 3 sièges de députés ont été reconnus au parti de Martelly, alors qu'au premier tour il comptait déjà 17 élus. Le parti Inité de René Préval aurait fait honteusement main basse sur ces sièges, en inversant simplement les résultats réels des deux mouvements, portant le score de 30 à 46 députés élus de la formation Inité. Un vrai scandale !
Le président sortant, toujours en poste jusqu'au 14 mai, disposait, à l'évidence, de toutes les clefs pour trafiquer à sa guise les suffrages exprimés, renouvelant ainsi l'autre fraude qui lui avait permis entre les deux tours d'élever au second son poulain Célestin, scandaleusement gratifié des résultats obtenus par Martelly.
Ce dernier a, certes, demandé qu'une enquête soit immédiatement ouverte à l'effet de situer les responsabilités du nouveau trafic mis au jour, mais il reste à craindre que les services de Préval, qui disposent d'assez de temps et de possibilités d'ici la fin de mandat de ce dernier, maquillent à volonté les résultats réels de ce vote.