Noriega n'est pas au bout de ses tribulations

Extradé des USA, l'ancien président panaméen, Manuel Noriega, est depuis ce matin incarcéré à Paris, où la justice doit le juger pour blanchiment d'argent, dans un délai de deux mois.

L'ancien agent des USA au Panama, devenu chef de l'Etat ayant assis son pouvoir par la dictature et l'assassinat de ses adversaires politiques, sort d'une prison américaine, où, après avoir purgé une peine de 17 ans, il était retenu en vue de son extradition vers Paris.

La justice française, qui l'a condamné par défaut, en 1999, à 10 ans de prison et à une amende de 11 millions d'euros, lui reproche notamment un blanchiment d'argent.

Les avocats de l'inculpé considèrent, eux, qu'il y a eu prescription des faits et que la justice française doit se déclarer incompétente.

Durant son règne, Noriega s'était aussi illustré dans un vaste trafic de drogue couvrant l'Amérique latine et les USA.

C'est Georges Bush qui a mis fin, en 1989, par une expédition militaire au Panama, aux agissements maléfiques de ce truand.

Mais le plus troublant dans l'aventure de ce gredin est que le gouvernement Chirac lui a décerné, en 1987, la médaille de commandeur de la légion d'honneur, sur recommandation du ministre des Affaires étrangères de l'époque, Jean-Bernard Raimond. C'est tout dire de la différence ténue entre la politique et les malfrats de cette dimension.

L'ex dictateur panaméen, le général Manuel Noriega, anciennement agent local de la CIA, devait comparaître ce matin devant les juges du tribunal parisien pour répondre du délit de blanchiment d'argent provenant de la drogue.

L'inculpé, arrêté en 1990 par l'armée américaine, a déjà été condamné aux USA à 40 ans de prison et n'a été libéré qu'en 2007. C'est donc après avoir purgé une peine de près 18 ans à Miami qu'il a été extradé vers la France en avril dernier, où, en correctionnel, une condamnation par défaut avait été prononcée contre lui. Il encourt donc cette peine de 10 ans de prison ferme déjà prononcée. La justice française lui reproche d'avoir acquis trois logements de luxe dans la capitale française, avec de l'argent sale.

Dans les années quatre-vingts, Noriega avait fait de son pays un centre de transit de la drogue colombienne et se trouvait lui-même mêlé personnellement à ce trafic organisé par le cartel.

L'ex dictateur panaméen a été condamné, au terme de son procès à Paris aujourd'hui, à 7 ans de prison et à la confiscation des 2,3 millions d'euros bloqués dans des comptes bancaires en France.

Il lui est reproché d'avoir blanchi cet argent en provenance du Cartel de Medellin (Colombie), par l'intermédiaire de la banque BCCI (Bank of crédit and commerce international) fermée depuis 1991 pour fraude internationale.

Noriega a également utilisé l'argent de la drogue pour s'acheter des logements de luxe en France.

Le condamné, dont l'extradition est demandée par les autorités de son pays, a déjà fait 17 ans de prison aux USA et il est passible de 54 autres années au Panama pour le meurtre d'opposants durant son règne à la tête de l'Etat de 1968 à 1989.

Les autorités françaises doivent à présent statuer sur le sort à lui réserver : le garder derrière les barreaux ou le renvoyer au Panama pour purger les peines qui l'attendent.