Un violent séisme a semé la mort au Japon

Un très violent séisme de magnitude 8,9 sur l'échelle de Richter, accompagné d'un tsunami, a secoué ce matin, vers 5 h, heure universelle, le nord-est du Japon. L'épicentre a été localisé à Sendai. Les Japonais redoutent encore les conséquences à venir des répliques attendues qui doivent, semble-t-il, s'étaler sur des mois entiers voire une année pleine. Les effets du tsunami sont craints dans divers pays du Pacifique qui risquent d'en être atteints dans les heures ou les jours qui viennent.

Tout au long de la journée, de nombreux cadavres ont été recensés au Japon, portant, aux environs de 17 h, les chiffres provisoires à 310 morts et 350 disparus. Les dégâts matériels se chiffrent en milliards de dollars.

Des vagues d'eau de 10 mètres ont déferlé sur la côte, ravageant tout sur leur passage. Des routes et des voies ferrées ont été défoncées, des maisons et usines détruites, des centrales nucléaires menacées, des terrains agricoles dévastés.

La vie dans la zone atteinte, y compris la capitale, s'est quasiment arrêtée : les écoles et les usines fermées, les habitants ont été sommés de rester chez eux, à l'abri des nouvelles secousses et des vagues d'eau, sinon d'évacuer les points sensibles pour aller chercher refuge en montagne.

Le nombre des victimes est appelé à grossir, un train ayant été porté disparu avec ses passagers dans la préfecture de Miyagi après l'arrivée d'une vague de dix mètres, un navire ayant chaviré avec sa centaine de passagers à bord, dans les mêmes parages. Des dizaines de personnes ont aussi été enfouies sous les décombres et attendent des secours qui s'organisent.

À Fukushima, 6000 personnes résidant dans la périphérie de la centrale nucléaire sont en attente d'évacuation.

Fort heureusement, jusqu'ici, aucune fuite en matière de radioactivité n'a été signalée autour des centrales nucléaires situées dans les régions touchées. L'ordre de les mettre à l'arrêt complet a été néanmoins exécuté pour prévenir tout risque de pollution radioactive.

Le monde fait montre d'une grande compassion pour les victimes et offre de partout son aide et son assistance au Japon qui vit son troisième et plus grave tremblement de terre depuis un peu moins d'un siècle.


11 septembre 2001 : des images inédites par Nouvelobs

Un deuxième train est porté disparu après le passage du tsunami déclenché par le séisme, dans la préfecture d'Iwate (au nord-est du Japon), a rapporté l'agence de presse Jiji, sans préciser s'il s'agissait d'un train de passagers ou de marchandises, indique une dépêche de l'AFP.

On annonce parallèlement une forte réplique, intervenue à 20 h, d'une intensité de 6,6 sur l'échelle de Richter.

Enfin, selon les dernières estimations, il y aurait plus de 1000 morts dans cette grande catastrophe. Mais on considère que ces décès sont dus pour l'essentiel au tsunami contre lequel les Japonais n'étaient, bien sûr, que peu préparés. Sinon, on reconnaît unanimement que les bâtisses ont toutes résisté admirablement aux secousses telluriques. Il est vrai que le pays a développé de très bons dispositifs techniques, dans le domaine de la construction, qui réduisent considérablement les risques de destruction par oscillation.

Le nombre des victimes est revu constamment à la hausse, depuis hier. De nombreux cadavres continuent d'être en effet retrouvés à mesure que les secours importants mis en place avancent dans leurs fouilles. On en est officiellement à 1800 morts ou disparus, et l'on ignore le sort de 10 000 des 17 000 habitants de la ville portuaire de Minamisanriku défoncée par les eaux, d'après la chaîne de télévision NHK.

Le grand sujet d'inquiétude surgi dans la matinée concerne l'explosion ressentie au niveau de la centrale nucléaire n° 1 de Fukushima. On parle surtout de la propagation extrêmement dangereuse de la radioactivité à partir du réacteur de cette centrale. Il s'y est produit ce que les techniciens appellent la fusion, autrement dit une surchauffe anormale de l'eau de refroidissement mise en mouvement dès la première secousse tellurique. Cet échauffement a libéré une part de combustible nucléaire dans l'atmosphère, d'où les radiations que l'on s'emploie à maîtriser. Pendant ce temps, les populations vivant alentour dans un rayon de 20 km ont été évacuées sur ordre du Premier ministre et l'on dépêche sur les lieux tous les moyens humains et matériels pour conjurer la menace.

Par ailleurs, on a appris que deux autres trains ont déraillé hier, causant de nombreuses victimes parmi les passagers.

L'armée mise à contribution s'active, à bord de centaines d'avions, d'hélicoptères et de navires, à secourir des milliers de victimes enfouies sous un déluge de carcasses, de branchages et autres matériaux charriés par le tsunami ou déposés en masses lugubres sur son passage.

Une nouvelle et grave menace inquiète depuis ce matin les Japonais. Le réacteur n° 3 de la centrale n° 1 de Fukushima risque, comme le n° 1, d'exploser d'un moment à l'autre.

On s'emploie activement à distribuer aux riverains de l'iode (qui sert à protéger le corps des effets des radiations nucléaires, lesquelles s'attaquent principalement à la thyroïde), à contrôler d'heure en heure l'évolution de la radioactivité dans le secteur tout en dépêchant les évacuations de populations au-delà du périmètre de 20 km assigné, mais une grande inquiétude s'installe jusque dans la capitale Tokyo, une mégapole peuplée de 15 millions d'habitants, distante de 300 km seulement de la zone exposée aux dangereuses radiations.

Cette dernière se trouve par ailleurs privée désormais d'électricité et d'eau, les centrales étant à l'arrêt depuis vendredi.

Les secours venus du monde entier parviennent enfin dans la région, où les morts s'accumulent, où les dégâts se révèlent de plus en plus importants au point d'affecter l'équilibre économique du pays.

De nouvelles alertes inspirent de grandes inquiétudes au Japon. Tandis que le réacteur n° 3 de la centrale n° 1 de Fukushima menace d'exploser, une hausse anormale de la radioactivité se signale à la centrale nucléaire d'Onagawa.



De l'hydrogène accumulé dans le bâtiment abritant le réacteur précité fait craindre une imminente explosion mais, rassure le gouvernement nippon, "il n'y aura pas de problème pour le réacteur lui-même". Autrement dit, comme dans la première explosion, la panne du système de refroidissement laissera échapper des radiations dans l'atmosphère qui induiront fatalement des contaminations toutefois limitées.

Dans le second cas, l'état d'urgence a été décrété sitôt constaté la poussée de la radioactivité.

Selon l'ONU, près de 600 000 personnes ont été évacuées de la zone frappée par la catastrophe depuis trois jours.

Les opérations de secours menées bon train avec l'aide de secouristes étrangers affluant à présent sur les lieux se poursuivent toujours en dépit des répliques, des incendies et des alertes au tsunami. Il faut dire que les autorités ont mis en garde contre la survenue dans les trois jours prochains d'une forte secousse de magnitude 7 environ qui risque de provoquer de nouvelles pertes humaines et surtout de gros dégâts principalement sur les sites où sont installées 6 centrales nucléaires.

Évaluant enfin la situation ainsi créée, le Premier ministre, Naoto Kan, a estimé que son pays doit surmonter « la crise la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale. »

Deux nouvelles explosions se sont produites aujourd'hui au niveau des réacteurs n° 2 et 4 de Fukushima 1 et affectant gravement l'étanchéité du caisson du réacteur n° 2.

En parallèle, un séisme de magnitude 6 a secoué le sud-ouest de la capitale, sans faire de victimes ni déclencher fort heureusement un nouveau tsunami. L'épicentre de la secousse a été situé à 120 km soit à Shizuoka, dans une zone fortement secouée, et l'hypocentre (foyer) à quelques 10 km de profondeur, indique l'Agence de météorologie locale.

Le niveau de gravité désormais atteint suite aux accidents nucléaires de Fukushima est de l'ordre de 6, estiment les spécialistes, sur une échelle de 7 internationalement reconnue, 7 étant la référence à celui de Tchernobyl et 5 celui survenu à Three Mile Island, aux USA.

Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères, a, après en avoir discuté avec son homologue nippon, estimé à ce propos que le risque nucléaire est "extrêmement élevé". Mais, à en croire le premier responsable de l'AIEA, Yukiya Amano, il est "très improbable" que la crise de Tchernobyl soit rééditée à Fukushima.

Ce qui inquiète pour l'heure est surtout la sérieuse aggravation de la radioactivité notamment dans la salle de contrôle du réacteur 4 où les ingénieurs ne peuvent intervenir qu'à distance, tant les radiations demeurent élevées, donc extrêmement dangereuses.

Il faut dire que le refroidissement des réacteurs s'opère, faute d'eau potable, à l'eau de mer, un procédé qui rejette des particules radioactives très nocives pour l'environnement et les populations. C'est pourquoi le Premier ministre a invité ces dernières, vivant dans un rayon de 30 km, à s'enfermer chez elles ou au bureau, en calfeutrant les huisseries et autres interstices permettant à l'air extérieur de pénétrer dans leurs gites. De même, le ministre des Transports a instauré une zone d'exclusion aérienne dans un rayon de 30 km autour de la centrale accidentée.

AFP - 16/03/2011

Le séisme et le tsunami qui ont frappé le Japon vendredi ont fait 4.314 morts confirmés, 8.606 disparus et 2.282 blessés, selon un nouveau bilan officiel provisoire établi par la Police nationale.

Il s'agit du nombre de victimes identifiées à ce jour, mais les autorités s'attendent à ce que le bilan final dépasse nettement les 10.000 morts, compte tenu du nombres de disparus pris en compte dans ce décompte national.

Chaque jour sont découverts de nouveaux corps dans toute la zone dévastée.
Par ailleurs, le chef de la police de la province de Miyagi (nord-est), l'une des plus meurtries, s'est déclaré certain que le nombre de morts allait dépasser les 10.000 pour cette seule région où se trouve notamment la ville de Sendai.

Mercredi encore, le maire de la ville d'Ishinomaki, située dans cette même province, a indiqué qu'il redoutait la disparition de quelque 10.000 habitants de sa municipalité ravagée par le séisme et le tsunami, selon des informations rapportées par les médias locaux.

Les sauveteurs estiment à présent qu'il y a peu de chances de retrouver des survivants dans les zones en ruines, plus de cinq jours après le séisme de magnitude 9,0, le plus violent jamais mesuré en territoire japonais.

Deux personnes, une femme de 70 ans et un homme dont l'âge n'a pas été précisé, avaient été retrouvées vivantes mardi sous des décombres, respectivement dans les province d'Iwate et de Miyagi.