On savait depuis un certain temps, à travers les magouilles et autres manigances de la fratrie Bouteflika, que le président en exercice comptait laisser sa succession à son frère cadet Saïd - qui ne serait autre en réalité que son propre fils(*) -, son état de santé périclitant jour après jour.
Des opportunistes nombreux à roder autour du sérail - les mêmes peut-être qui s'étaient tant escrimés en vain pour faire décrocher un prix Nobel de la paix à leur mentor - ont très vite compris le message. Et, en particulier, il leur fallait commencer à engager leur propagande visant à faire accréditer l'image de Saïd, successeur du trône, auprès des électeurs.
Hier, comme par hasard, un de ces laudateurs a même fait une déclaration publique dans ce sens, laquelle a d'ailleurs fortement secoué les lecteurs des journaux qui l'ont publiée.
Mieux, le journal Le Soir d'Algérie en fait même un papier bien développé qui mérite d'être rapporté ici.
(*) La rumeur publique soutient depuis quelques années déjà la thèse qui voudrait que Bouteflika ait engrossé, durant son adolescence, une jeune femme du côté d'Oujda, dont il est originaire. Comme son père ne voulait pas qu'il l'épouse, c'est sa propre mère qui a décidé, à la mort de son mari survenue quelques mois après, d'inscrire Saïd, son rejeton, sur son livret de famille. Cela explique pourquoi Saïd est juridiquement le frère et physiquement le sosie de son père.
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SAÏD BOUTEFLIKA SOUHAITERAIT SUCCÉDER À SON FRÈRE
Le trône en héritage
Au menu des causeries mondaines et des chuchotements dans les chaumières depuis un moment déjà, l’après Bouteflika se trouve désormais ouvertement connecté au débat public. Parmi les éventualités de succession, le passage de témoin au frère cadet, Saïd Bouteflika en l’occurrence, est d’ores et déjà mis en promotion.
Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) - Le maître d’œuvre déclaré de cette mise en vente prématurée de la candidature de Saïd Bouteflika est un certain Sid- Ahmed Ayachi, dont le curriculum vitae se résume en une naissance dans une zaouïa, la Tidjania, un diplôme de l’ISIC et une fréquentation périphérique du mouvement associatif.
Maître d’œuvre déclaré car il n’est pas dit qu’il ne détient pas, en vérité, sa lettre de mission de Saïd Bouteflika himself.
Et ce n’est pas manquer de discernement que de le supposer, puisque Sid- Ahmed Ayachi, dans une interview à Algérie News, publiée hier, affirme avoir tenu une réunion avec Saïd Bouteflika en août 2009. Une réunion à laquelle, dit-il, avaient pris part tous les coordinateurs de wilaya du Rassemblement pour la concorde nationale (RCN), une entité politique non agréée et aux contours organiques imprécis qu’il préside depuis 2001.
« Nous avons eu une réunion avec Saïd au mois d’août 2009 au cours de laquelle tous les coordinateurs de wilaya l’avaient cautionné comme président d’honneur de notre formation (…) »
La collaboration entre Sid-Ahmed Ayachi et Saïd Bouteflika est donc un fait tangible, étant donné que le second nommé a été à un conclave du RCN ou allégeance lui a été prêtée. Mieux encore, le frère cadet du chef de l’Etat n’a jamais démenti ce qu’on lui prête comme accointances avec le RCN ou comme désir d’hériter du « trône ».
A en croire Sid-Ahmed Ayachi, la mécanique pour l’intronisation de Saïd Bouteflika est déjà mise en branle, puisqu’il affirme qu’une collecte de 2 millions de signatures est déjà engagée et qu’une évaluation d’étape consigne 800 000 paraphes récoltés.
« <Je pense que nous allons clôturer la collecte des 2 millions de signatures au mois de mars prochain. Notre caution à Saïd Bouteflika est une exigence populaire puisqu’il est soutenu par toutes les zaouïas du pays et toutes les franges de la société. Nous avons aussi au sein du parti une entité composée d’anciens retraités de l’ANP. »
Le président du RCN va même, à dessein ou par inadvertance, jusqu’à révéler les noms d’anciens colonels de l’ANP associés à son entreprise. Ceux des colonels Mamouni Noureddine, Berkane Mohamed et le colonel Nadjib.
A l’évidence, il y aurait du beau monde derrière la candidature de Saïd Bouteflika à la présidence de la République en 2014. A en croire Sid-Ahmed Ayachi, c’est l’ensemble des comités de soutien à Abdelaziz Bouteflika, les zaouïas et les divers segments associatifs, qui se tient déjà prêt à hisser Saïd sur le «trône» dès que le grand frère consente à le libérer.
La bénédiction du frère aîné
Le chef de l’Etat, qui affiche des signes de lassitude après une présidence longue bientôt de douze années, adouberait son frère cadet, du moins se retiendrait de lui déconseiller de postuler à hériter du «trône». Sid-Ahmed Ayachi nous apprend que la coordination avec Saïd Bouteflika se fait à travers des correspondances adressées à la présidence de la République.
Ce qui donne à comprendre que le chef de l’Etat aide à la réalisation de l’ambition politique de son jeune frère. A tout le moins, il le couve de sa bénédiction. Et, à se fier aux affirmations du président du RCN, Saïd Bouteflika est «invité» à briguer la présidence de la République à la prochaine échéance électorale, soit en 2014.
Ce qui revient à dire que le frère aîné n’aurait plus vocation à prolonger son magistère au-delà de son troisième mandat en cours, quand bien même la Constitution, triturée en novembre 2008, lui permet de postuler à prolonger indéfiniment son règne. Mais qu’est-ce qui pourrait bien inciter Abdelaziz Bouteflika à ne plus vouloir du pouvoir au-delà de 2014 ?
Ses ennuis de santé ? Il se pourrait. Mais peut-être parce qu’il juge que c’est le moment ou jamais de passer le témoin au jeune frère. Au-delà de 2014, l’adoubement de Saïd pourra s’avérer être une entreprise délicate.
Contourner l’Alliance présidentielle
Pourquoi Saïd Bouteflika est-il allé chercher des appuis à son ambition ailleurs, quitte à fréquenter un RCN sans poids prépondérant sur la scène politique alors que, à côté, se trouve une Alliance présidentielle bien plus pesante ?
A cette question, deux réponses possibles : ou l’Alliance présidentielle ne serait pas prête à reporter son soutien au président de la République sur le jeune frère ou bien c’est Saïd Bouteflika lui-même qui s’en détournerait, désirant se forger dans le pur style de son frère, à savoir faire en sorte que son ambition apparaisse plus comme une réponse à une demande populaire qu’un adoubement partisan, pluriel soit-il. Les deux éventualités ne sont pas, à bien y regarder, exclusives.
Le refus de l’Alliance présidentielle de parrainer Saïd Bouteflika pourrait avoir amené ce dernier à se chercher d’autres escabeaux politiques. wOr, l’on sait que les partis de l’Alliance présidentielle ne sont pas tenus par un cahier des charges qui les obligeraient à soutenir autre que Bouteflika lui-même, quand bien même cet autre serait Saïd.
L’on n’ignore pas aussi qu’autant le FLN que le RND voient l’après Bouteflika sous l’angle de l’affirmation partisane. Abdelaziz Belkhadem, tout comme Ahmed Ouyahia, voire même Abdelkader Bensalah se postent en potentiels candidats à la succession de Bouteflika. D’ailleurs, les malheurs actuels du FLN ne travaillent- ils pas à aménager des sentiers moins escarpés vers El Mouradia pour Saïd Bouteflika ?
S. A. I.