L'intégration pour les immigrés en Europe n'est pas pour demain

Un sujet à l'ordre du jour, en cette période de vacances propice aux mariages dans les pays africains en général, préoccupe sensiblement, comme chaque année, les associations européennes ayant pour objet de protéger les jeunes filles exposées au mariage forcé.

Un rapport sérieux du Haut conseil à l'intégration estimait, d'ailleurs, dès 2003, qu'environ 70 000 adolescentes étaient exposées à ce type d'union non désirée, tout particulièrement avec des prétendants vivant sur les terres nord-africaines. Parmi les immigrés de ces contrées, en effet, l'attachement aux racines est toujours si profond que l'on se fait généralement un devoir de tout entreprendre pour soustraire sa fille à un mariage mixte ou à une alliance hors du cercle étroit de son village ou de sa région d'origine. Les chefs de famille, à l'esprit vraiment fermé à toute espèce d'intégration au sein de la société d'accueil, cultivent en vérité le rêve toujours vivace de réintégrer leur pays d'origine. Et cela, même le poids des années passées en Europe ne parvient jamais à ébranler leur détermination.

Leurs filles, bien sûr, surtout quand elles sont nées en Europe, qu'elles y ont grandi et goûté à toutes les libertés accompagnant la culture dans laquelle elles ont été élevées, ne peuvent les suivre. Dussent-elles souvent s'en séparer, et donc créer le scandale, elles restent et resteront toujours incomprises. Aussi, ont-elles suscité davantage de compassion autour d'elles, au point où des associations spécifiques les prennent désormais en charge quand elles décident de rompre avec la cellule familiale, fût-ce pour un temps, une période, le temps que les choses se tassent.

Cette atmosphère peu constructive, qui milite en vérité à contre courant des efforts entrepris pour l'intégration notamment des immigrés binationaux, pèsera encore lourd, tant que subsistent les anciennes générations qui n'ont jamais rien compris au devoir de choisir entre leurs véritables origines et le milieu dans lequel par besoin ou par nécessité elles sont appelées à vivre et à s'intégrer.