Personne n’est dupe pour croire en l’amélioration soudaine de la situation politico-sécuritaire en Irak. Et, Petraeus, le général en chef des troupes d’occupation américaines peut clamer à tue-tête que les choses ont évolué si favorablement qu’un retrait de 4000 hommes est prévisible avant la fin de l’année, personne, à travers le monde, et surtout aux USA, ne peut gober, sans preuve, un revirement aussi brusque de la position de Washington qui, il y a à peine quelques mois, réclamait plutôt, à cor et à cri, des renforts.
Cependant, les exigences électorales, désormais proches, peuvent seules motiver cette volte-face inattendue, par crainte de faire perdre au Parti républicain de Bush la dernière chance de soutenir un affrontement équilibré avec le parti adverse, les Démocrates.
Jamais, en effet, les assassinats, particulièrement à Bagdad, n’avaient jusqu’ici atteint le niveau record qui a défrayé la chronique, ces derniers mois. Y compris même dans la zone protégée, dite verte, les canonnades ont fait davantage de ravages que par le passé. De plus, si le général, ancien commandant les forces d’occupation britanniques en Irak, a déploré formellement l’approche négative de la question sécuritaire par le haut commandement américain, c’est, sans nul doute, parce qu’il était le mieux placé pour en juger valablement.
Quant au gouvernement irakien, constitué principalement de pantins obéissant au doigt et à l’œil aux chefs militaires américains, l’appel de Kouchner pour sa recomposition en dit suffisamment long sur son incompétence et son incapacité à maîtriser la situation politico-sociale principalement marquée par une corruption effrénée et une gabegie largement mises en lumière, d'autre part, par les divers observateurs séjournant régulièrement dans ce pays.
Et, sans doute, Bush lui-même a-t-il fini par admettre son échec total pour se résoudre à évacuer l’Irak à petits pas, autrement dit à reculons, dès les prochains mois.