Dans la seconde partie de l'émission, diffusée le 16 décembre, le film a mis en lumière les procédés de financement de la Françafrique, par le canal essentiellement de la compagnie pétrolière Elf.
Les filiales Elf Gabon, Elf Congo, Elf Angola qui exploitent d'importants gisements offshore distribuaient alors une part non négligeable de leurs revenus en direction, d'une part, des chefs d'État africains et, d'autre part, des hommes et partis politiques français.
Les responsables africains comme les politiques français recevaient, sans le moindre état d'âme ou le moindre contrôle, des paquets d'argent en liquide qu'ils étaient libres d'utiliser à leur guise.
Ainsi, a particulièrement constaté Eva Joly, la juge en charge du dossier Elf, quand l'affaire a éclaté au grand jour en justice, la compagnie pétrolière aurait quasiment consommé ses bénéfices trois années de suite pour pourvoir à ces financements occultes. Grâce à ces derniers, Elf mais aussi les réseaux de Françafrique pouvaient choisir eux-mêmes les présidents à placer au niveau des États anciennement sous domination française, prendre en charge l'armement et la rémunération de leurs milices pour combattre un éventuel concurrent indésirable sous l'angle des intérêts français, mettre enfin les États en question sous coupe réglée, de sorte que leurs décisions principales fussent toujours sous contrôle de Paris.
Du côté milieux politiques en France, les partis percevaient presque à égalité leurs enveloppes pour financer tout particulièrement les élections et toutes les élections ; les hommes politiques de droite comme de gauche étaient "arrosés" de la même façon. Finalement, aucun des principaux partis politiques intéressés, aucun de leurs hommes politiques n'y trouvait à redire et moins encore à contester les quotas perçus. Mitterrand, à son arrivée au pouvoir, s'était seulement contenté, comme bénéficiaire habituel de ces distributions, de dire au représentant de la Françafrique venu l'en entretenir : "Continuez comme avant, mais ne nous oubliez pas !"
C'est ainsi que les chefs d'État africains comme N'Guessou du Congo, Bongo du Gabon et son homologue d'Afrique équatoriale se sont retrouvés chacun avec une foultitude de biens immobiliers, des voitures de luxe, des dizaines voire des centaines de comptes en banque à l'étranger, à l'insu, bien sûr, de leurs peuples vivotant toujours dans les conditions misérables que l'on sait.
Faute sans doute de ne pas en avoir été informés, les réalisateurs du film n'ont pas évoqué un point important concernant une autre source des fonds ainsi dilapidés. C'est un autre film diffusé il y a déjà quelques années qui l'indique par la bouche même de Le Floc Prigent, premier responsable d'Elf à l'époque et des dirigeants ministériels congolais. La compagnie française volait effectivement - le terme est approprié - les pays dont elle exploitait les gisements pétroliers, comme le Congo. Par un procédé très simple consistant à ne déclarer qu'une petite partie des quantités réelles de pétrole extraites, les dirigeants d'Elf comptabilisaient la différence, donc la partie volée, dans des comptes particuliers à partir desquels ils procédaient aux financements évoqués plus haut.
Les autorités congolaises, en particulier, qui avaient fini par s'apercevoir de la supercherie, ne pouvaient apporter la preuve de leurs constatations, l'entreprise Elf étant seule comptable des volumes traités et exportés.
En bout de course, le film montre tous ces cheffaillons africains réunis sous la houlette de la GLNF (Grande loge nationale de France) et intronisés maçons avec le grade de grand maître, l'autre voie par laquelle la Françafrique les assujettit plus durablement et surtout sûrement.