L'Afrique du Sud négocie un virage dangereux

La désignation du futur président de l'Afrique du Sud pose un grave problème de leadership. Les futurs députés qui seront réunis en assemblée extraordinaire le 6 mai prochain, procéderont à son choix. Et le principal candidat en lice n'est autre que Jacob Zuma. Il sera présenté par l'ANC, le parti historique qui a bouté l'apartheid et qui est donné gagnant aux législatives attendues demain. On redoute d'ores et déjà que cet homme fasse boire le calice jusqu'à la lie à ses concitoyens.

Jacob Zuma, dont l'on se rappelle le scandale qui avait entouré son élection à la tête de l'ANC en 2007, est un personnage, en effet, qui inspire peu confiance. Il est d'abord polygame et père de 17 enfants, une situation matrimoniale qui procure beaucoup de soucis dans un pays qui a besoin de s'inscrire dans une démarche autrement moderniste et progressiste. Ensuite, l'homme a été accusé de viol commis, qui plus est, sur une jeune femme séropositive. Autant dire que ses moeurs dissolues ont de sérieuses raisons de faire craindre le pire demain s'il doit prendre les rênes du pays.

Zuma est enfin quasiment un illettré qui doit son ascension fulgurante à son combat dans les rangs de l'ANC qui a libéré le pays. Cet ancien garçon de course a rejoint très tôt en effet les rangs de Nelson Mandela, avec lequel il a d'ailleurs partagé des années de prison. Il n'a donc aucune formation lui permettant de diriger valablement le pays.

Le plus inquiétant encore est que l'Afrique du Sud traverse actuellement une période de récession lourde de menaces pour sa stabilité et son devenir. Il est même à redouter que, la situation économique se dégradant de plus en plus, elle rejoigne le Zimbabwe, tant décrié de par le monde, dans la misère qui s'y est installée sous le régime dictatorial du dictateur Mugabe.

La situation sociale est en effet dramatique en Afrique du Sud. Si deux millions de logements sociaux ont été construits et distribués aux populations noires déshéritées, depuis 1994, il reste des millions de personnes vivant encore dans des bidonvilles, dépourvus d'électricité, d'eau courante, etc.

43 % de la population ne disposent pas de 2 dollars par jour pour vivre, dans un pays marqué par un fort taux de chômage estimé à 40 %. Pour la seule année en cours, on s'attend encore à quelques 300 000 licenciements.

C'est surtout au niveau de la criminalité que les choses sont le plus criantes. On compte quelques 50 homicides par jour. De plus, 5,5 millions de Sud-Africains sont touchés par le sida, dans une population qui en compte 48 millions. Autrement dit une personne sur huit est séropositive et la multiplication de la maladie est loin d'être enrayée dans l'état de pauvreté qui est celui des couches sociales atteintes.

Malheureusement, le choix très probable de Zuma à la tête du pays, un homme à tout le moins incompétent et corrompu, laisse planer de graves incertitudes sur le devenir du pays.