Le terrorisme islamiste, en continuant de ravager l'Algérie depuis maintenant près de deux décennies, tente progressivement de s'implanter dans les pays voisins de l'Afrique du Nord. Si les Tunisiens, restés fermes et unanimement résolus à lui barrer la route, ont réussi jusqu'ici à endiguer ses tentatives de percée dans leur pays, tel n'est pas cependant le cas des Marocains ou des Mauritaniens.
Bien que des signes toujours trompeurs permettent de supposer que Rabat, dans sa volonté inébranlable de tout mettre en oeuvre pour l'enrayer définitivement chez lui, emploie des moyens les plus dissuasifs pour le combattre sincèrement, réussissant d'ailleurs à le réduire à défaut de l'exterminer totalement, le terrorisme islamiste, telle une pieuvre, parvient invariablement à se reconstituer au Maroc. Il est même à craindre que, pendant qu'il s'y montre périodiquement inactif, il soit plutôt absorbé en réalité par sa réorganisation et son développement, disséminant ainsi ses racines dans les profondeurs du pays, le terreau de la misère très apparente au sein des couches défavorisées s'y prêtant d'ailleurs à merveille. C'est donc, exceptionnellement, peut-on dire, que, sur dénonciation surtout, les forces de police marocaines parviennent à démêler les fils d'un embryon d'organisation essayant de s'installer ici ou là.
Par contre, en Mauritanie, où l'étendue du terrain et la faiblesse des forces dites de maintien de l'ordre sont propices à une densification la plus forte possible de l'activisme terroriste, il faut s'attendre, de toute évidence, à ce que ce pays devienne à court terme, après l'Algérie, le second ventre mou de l'Afrique du Nord, susceptible de constituer alentour une véritable menace, capable elle-même de se propager sinon en Afrique subsaharienne du moins en Europe méditerranéenne.
Pour preuve, l'accrochage que les forces de police mauritaniennes viennent d'avoir hier, en fin de journée, et ce matin avec des éléments armés de la mouvance intégriste vient rappeler, à quelques semaines à peine, l'assassinat des quatre Français perpétré sans grand mal dans le pays, causant d'ailleurs l'annulation, lourde de conséquence pour Nouakchott, du rallye de Dakar.
En Algérie, où l'on a peiné bien longtemps à l'écraser quasiment, cette vermine retrouve au contraire toutes les conditions lui permettant de se développer et de s'épanouir à sa guise, maintenant qu'elle est assurée d'être protégée efficacement par un pouvoir qui lui est totalement acquis.
Aussi, les mois prochains risquent-ils d'apporter, d'un côté comme de l'autre, leur lot imparable de meurtres et d'attentats ravageurs qui pèseront plus négativement encore dans les relations entre les deux rives de la Méditerranée.