Gorbatchev en appelle à Medvedev pour redresser la barre au plus vite

L'ancien président Mikhaïl Gorbatchev, père de la Pérestroïka, met en garde Medvedev contre les dérives qui risquent de conduire le pays à la catastrophe.

Dans une tribune publiée aujourd'hui dans la Novaïa Gazeta, un journal d'opposition où il possède des intérêts, l'ancien prix Nobel de la paix dresse un bilan de la dernière décennie en Russie peu flatteur à l'endroit de Poutine et de sa politique. "En 2000, les priorités étaient avant tout de défendre l'intégrité territoriale du pays et de le rendre à nouveau gouvernable, écrit-il. "Ces objectifs ont dans l'ensemble été atteints. Mais, depuis, les questions non réglées se sont faites de plus en plus évidentes", ajoute-t-il, en regrettant que les mesures prises notamment en matière de libéralisation et de lutte contre la corruption restent "insuffisantes et inadaptées".

Le pays est gagné par "la corruption qui s'étend à tous les niveaux de la fonction publique et délite la société", observe encore Gorbatchev. "La suppression de l'élection des gouverneurs de régions, le passage au scrutin exclusivement par listes, sans participation minimale, le relèvement du seuil d'entrée au Parlement, tout cela dans des conditions de manipulation des élections à travers les médias", déplore-t-il encore.

Il prévient que "Si on ne surmonte pas les tendances antidémocratiques, toutes les conquêtes des années passées seront menacées. Pas seulement le processus démocratique, mais aussi la fameuse stabilité". Aussi, "Le président doit donner au pays un nouvel ordre du jour, il faut une concurrence démocratique, une société civile active, un contrôle réel par la société [des affaires de l'Etat]."

De son côté, le président de la Cour constitutionnelle russe, Valéri Zorkine, pointe du doigt, dans le journal officiel Rossiiskaïa Gazeta : "une criminalisation croissante de la société russe, une criminalité qui sape les bases de notre système juridique fragile, de notre vie sociale, politique et économique."

Il prévient : "Nous n'avons pas le droit de laisser notre Etat se criminaliser. Dans ce cas, nos rêves d'une société démocratique et d'un Etat de droit seront enterrés". Pour lui, dans une telle société, "il y aura des fauves, maîtres de la jungle criminelle et des 'sous-hommes' conscients qu'ils sont simplement à la merci des fauves", avant d'ajouter : "On aura d'un côté l'agression et le mépris à l'égard des 'loosers' […] de l'autre l'horreur et la colère des misérables qui, désespérés, vont rêver d'une dictature et pas du tout de démocratie".

avec Le Monde

À titre d'exemple, voici ce qui est reproché à un procureur russe.
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© RIA Novosti. Andrey Stenin
MOSCOU, 9 décembre

Le tribunal de Moscou a condamné jeudi l'ex-procureur adjoint de l'arrondissement nord de Moscou, Viatcheslav Trofimov, à 13 ans et six mois de prison pour des escroqueries se montant à près de 18 millions de roubles (436.000 euros), a annoncé jeudi le correspondant de l'Agence russe d'information juridico-légale (RAPSI).

L'accusé a été reconnu coupable de trois actes d'escroquerie. En outre, l'ex-procureur adjoint a été reconnu coupable de tentative d'extorsion de 3 millions de dollars auprès d'un individu en échange d'une promesse de ne pas ouvrir une enquête pénale sur un cas de contrebande.