Interrogé à propos de l'Afghanistan par la BBC, Mikhaïl Gorbatchev, l'ancien président soviétique, a estimé que "
La victoire est impossible et que le président Obama a raison de retirer ses troupes".
En effet, Gorbatchev sait de quoi il parle puisqu'il était à la tête de l'Union soviétique au moment où Moscou se retirait de Kaboul après y avoir guerroyé en vain durant une dizaine d'années.
À la différence de la coalition des 40 États qui ont envahi l'Afghanistan, sans non plus réussir à y vaincre les résistants ni moins encore à mettre la main sur Benladen tenu pour responsable des massacres de septembre 2001 à New York, l'URSS d'alors se trouvait non seulement épuisée par la déconfiture complète de son économie mais elle devait affronter les armes les plus sophistiquées fournies massivement par Washington à ses adversaires. Il est vrai que le monde vivait à l'époque ses derniers heures de guerre froide et que Moscou avait de très gros soucis qui inhibaient ses efforts de guerre.
Aussi Gorbatchev a-t-il eu raison d'ajouter à la BBC : "
Il va être de plus en plus difficile pour l'Amérique de se sortir de cette situation", a-t-il dit, avant de s'interroger : "
Mais quelle est la solution alternative? Un autre Vietnam? Dépêcher un demi-million de soldats?", et de conclure, péremptoire : "
Cela ne fonctionnerait pas".
Il faut en effet se rendre à l'évidence : si 40 armées les plus puissantes de l'occident ne parviennent pas, au bout de dix années de guerre sans merci, à avoir raison de quelques milliers de Talibans rompus aux artifices de la guerre et plus que jamais décidés à ne pas lâcher prise, le temps n'est-il pas venu de mettre fin au plus tôt à des affrontements stériles et sans lendemain ?
Enfin, si l'occident persiste à considérer qu'il se bat en Afghanistan pour prévenir le terrorisme islamiste pouvant menacer chez lui, les Talibans font en revanche le sacrifice d'eux-mêmes, au nom d'un idéal, pour libérer leur pays d'une étreinte brutale, inédite et par trop indécente à l'heure où les peuples aspirent tous à l'indépendance et à la liberté. Et Kamal Ataturk a le fin mot de l'histoire : "
Il n’y a, dans le monde, ni oppresseurs, ni opprimés. Il y a ceux qui tolèrent qu’on les opprime et ceux qui ne le tolèrent pas."