C'est seulement aujourd'hui que les autorités afghanes ont proclamé les résultats des élections législatives du 18 septembre dernier. Il faut se rappeler, en effet, que le scrutin entaché de fraudes a entretemps conduit à l'annulation d'un quart environ des 5,6 millions de suffrages.
La Commission électorale indépendante se félicite quand même d'avoir atteint l'objectif : "Tenir des élections est un processus difficile […] mais, heureusement, malgré toutes les embûches, la nation afghane a réussi à les tenir et aujourd'hui, nous pouvons voir pour qui les gens ont voté", a déclaré son chef, Fazil Ahmad Manwaï, d'après une dépêche AFP.
L'image de la chambre basse afghane désormais constituée se singularise par son homogénéité, où il n'y a ni partis politiques ni notables, ni clans pouvant s'appuyer sur des tribus ni chefs de groupes autres pouvant mener des actions coordonnées et réfléchies capables de représenter et de défendre les aspirations des électeurs. Aussi, le président Karzaï, qui détient l'ensemble des leviers de commande, ne peut-il que s'en satisfaire, aucune opposition solide ne pouvant être rassemblée à court terme pour lui créer des obstacles.
L'on sait, d'autre part, que Karzaï doit son siège à la seule présence des forces coalisées étrangères qui ont mis l'Afghanistan en coupe réglée depuis maintenant 10 ans. L'on sait aussi qu'il n'a d'autre choix que de composer avec elles qui fournissent l'essentiel pour la survie du peuple afghan et assurent le financement de l'ensemble des plans de développement engagés dans le pays.
Aussi, dans un tel contexte, faut-il s'interroger à présent sur le rôle concret et le véritable apport pouvant être attendus d'une assemblée quasiment faite de "bric et de broc" dans un pays marqué par un grand vide entre le citoyen et le sommet de l'État, si tant est que ce dernier existe vraiment ?