Le ministère de la Défense nationale vient de le déclarer tout net : "Il n'y aura pas de restitution des fusils de chasse confisqués en 1993, sauf au profit des Groupes d'auto-défense (GLD)". Autrement dit, il faut être engagé dans l'un de ces groupes pour obtenir le droit de récupérer son fusil.
La décision ne peut être interprétée que comme une sanction à l'égard des 200 000 propriétaires qui ont déposé librement leur fusil entre les mains des gendarmes, à un moment où le terrorisme islamiste faisait rage dans le pays et où il manquait vraiment d'armes.
Elle aurait pu paraître un tantinet justifiée par la persistance du terrorisme dans certaines régions bien précises, comme la Kabylie, la région de Boumerdès et quelques contrées du côté de Jijel. Mais, tel n'est pas le cas, puisque déjà à Béjaïa, près d'une centaine de fusils ont déjà été rendus à leurs propriétaires. Dans d'autres wilayas moins touchées par le terrorisme, les fusils ont aussi été restitués. Il se pose donc la question de savoir pourquoi ces deux poids et deux mesures.
Jusqu'à plus ample informé, les fusils en cause ont été acquis régulièrement par ceux qui les détenaient avant leur confiscation. Et si les pouvoirs publics entendent les conserver plus longtemps encore, les exposant ainsi à la rouille et à leur dégradation progressive inévitable, il serait juste que les propriétaires en soient indemnisés, d'autant plus qu'en toute confiance ils les ont volontairement déposés entre les mains de la gendarmerie. D'autres, pourtant, qui ont préféré ne pas s'en dessaisir, ont maintenant la part belle. Et la leçon pourra servir avantageusement dans l'avenir.
Autant donc dire que la décision du ministère de la Défense à ce sujet est tout simplement inique et irresponsable. Cela dénote, une fois de plus, les excès de pouvoir qui sont le lot quotidien du régime en place.