Pays foncièrement musulman, la Turquie, ancien malade de l'Europe, que Kamal Ataturk s'était échiné, durant tout son règne, à rattacher de cœur et d'esprit au monde continental, se réinsère pleinement dans ses traditions musulmanes depuis l'avènement du régime islamiste d'Erdogan venu pourtant au pouvoir par la voie démocratique, une voie sérieusement combattue par les tenants de l'islamisme précisément.
Certes, de forts relents de la laïcité instaurée par le fondateur de l'Etat républicain turc viennent de temps à autre bouleverser les convictions profondes du peuple revendiquant son islamité pleine et entière mais leur portée reste aussi faible que négligeable. Les débats animés entre autres autour du voile intégral à l'école en apportent au besoin la preuve. Même dans les familles d'immigrés turcs dans tout le reste de l'Europe, le poids des traditions médiévales et de l'islam guide presque toujours la vie et l'évolution de chacun, y compris au sein de la jeunesse.
Autant dire que, dans un pays devenu khalifat durant au moins trois siècles et ce jusqu'aux années 1920, l'on n'efface pas d'un trait de plume un ancrage profondément islamique, même quand on s'est appelé Kamal Ataturk, le père fondateur de la Turquie moderne.
Et si Erdogan persiste dans son intention de relancer la candidature d'adhésion de son pays à l'U.E., chose qui ne semble guère être du goût de la majorité des membres, il suffit sans doute de lui rappeler qu'en recrutant autour de lui un conseiller polygame, en juin dernier, il se range résolument parmi les dirigeants musulmans les plus extrémistes et par conséquent les moins fréquentables.
La polygamie, pourtant interdite depuis Ataturk, reste en effet toujours tolérée dans ce pays. C'est la raison pour laquelle ledit conseiller déclare rechercher une quatrième femme pour l'ajouter à son petit harem, puisque le Coran admet jusqu'à 4 épouses, bien que le prophète ait lui-même épousé 23 femmes et consommé le mariage avec 12 d'entre elles, dont une fillette de 9 ans.