Sarkozy découvre ses penchants extrémistes

Sarkozy n'a pas seulement déçu son électorat qui le lui rend bien en lui retirant sa confiance à une large majorité, mais il s'engage désormais dans un cul-de-sac qui risque non seulement de ternir l'image de la France dans le monde mais de susciter de graves désordres préjudiciables à la paix sociale dans le pays même.

Après avoir utilisé publiquement tout un vocabulaire de voyou pour stigmatiser les jeunes des banlieues rejetés du système scolaire et en chômage pour la plupart, le voici brandir désormais la menace de retirer la nationalité française à tous ces beurs issus parfois de la troisième ou quatrième génération d'anciens "sujets" des colonies françaises qui avaient opté, à l'indépendance de leur pays d'origine, pour la nationalité française.

Au lieu de rechercher les causes et les moyens de remédier à une situation sociale invraisemblable où ces jeunes, pour survivre, se trouvent acculés bien souvent à verser dans le trafic de drogue, le voilà-t-il qu'il brandit ce bâton que des thuriféraires nombreux à droite s'empressent d'applaudir.

Fort heureusement, la classe politique française n'est pas unanime à le suivre dans ses débordements d'un autre âge. Toute la gauche se met à l'unisson en travers de son chemin et s'insurge contre une méthode des plus viles que lui-même immigré de fraîche date aurait dû peser bien plus sagement avant de céder à la tentation d'y tomber.

Voici quelques répliques recueillies tant à droite qu'à gauche par les soins du journal L'Express qui accorde au sujet quelques lignes.
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"La déchéance de la nationalité est une mesure stupide"

Par LEXPRESS.fr avec AFP, publié le 31/07/2010

Nicolas Sarkozy a annoncé à Grenoble vouloir déchoir de la nationalité française les criminels d'origine étrangère. Le chef de l'Etat a demandé que la nationalité française puisse "être retirée à toute personne d'origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte" à la vie d'un policier, d'un gendarme, ou de tout autre "dépositaire de l'autorité publique".

Une mesure "de bon sens" pour l'UMP mais inacceptable aux yeux de l'opposition.

Thierry Mariani, député UMP : "Je me félicite de la déclaration de Nicolas Sarkozy puisque dans la prochaine loi d'immigration je compte déposer un amendement qui va exactement dans ce sens et qui rétabli une disposition qui existait dans la loi française jusqu'en 1998 et qui permettait la déchéance de la nationalité française pour tout étranger condamné pour un crime à au moins cinq ans de prison ferme dans les 10 ans suivant son acquisition de la nationalité française.

Cette disposition avait été supprimée par la garde des Sceaux de l'époque, la socialiste Elisabeth Guigou".

Jacques Myard, député UMP : Cette mesure de déchoir les Français d'origine étrangère délinquants "qui existe déjà dans notre Droit mais qui est quasiment tombée en désuétude est une mesure de bon sens (...) Personne ne comprendrait qu'une personne naturalisée puisse se comporter en hors-la-loi en toute impunité. Il y a longtemps que cette mesure aurait dû être systématiquement appliquée. Elle est même le gage par sa dissuasion d'une condition essentielle de l'intégration et de l'assimilation".

Bruno Gollnisch, (Front national) : "Contre l'abandon des citoyens aux agressions à venir, toujours plus sauvages", le FN "est depuis des années le seul à sonner l'alarme et à dénoncer les graves déséquilibres sociaux engendrés par la folle politique d'immigration massive et incontrôlée mais orientée vers le communautarisme". "Vous vous étiez engagé à la maîtrise de l'immigration. Rien n'a été fait". "Commencez, M. le président de la République, par nous débarrasser des voyous étrangers, et nous ferons de la place pour les nôtres dans nos prisons".

Ségolène Royal, (PS): "L'intervention (...) du président Sarkozy marque une nouvelle étape dangereuse et indigne, dans une surenchère populiste et xénophobe. Cette fuite en avant sécuritaire symbolise l'échec de celui qui, hier comme ministre de l'Intérieur et aujourd'hui comme chef de l'Etat, n'a cessé de stigmatiser des territoires et des populations, sans jamais apporter de réponses concrètes à leur sécurité (...) Notre république est en train de pourrir par le sommet".

Pierre Moscovici, député PS : "Les propos du président "sont inacceptables pour tous les républicains de notre pays. Affirmer un lien de causalité entre immigration et délinquance est ignoble. Menacer de déchoir de leur nationalité les Français d'origine étrangère auteurs de certains crimes renvoie aux heures les plus sombres de notre Histoire. Il est désormais clair que, dans l'esprit du chef de l'Etat (...) il y a une sous-catégorie de Français, qui ne mérite pas les mêmes droits que les 'Français de souche' ".

Jean-Luc Mélenchon, (Parti de gauche) : "Pas touche à la nationalité, M. Sarkozy! La nationalité acquise ne doit pas être remise en cause pour des raisons de droit commun sauf à créer une catégorie nouvelle de sous-français conditionnels". (...) "Seul le régime du maréchal Pétain a eu recours à la remise en cause de la nationalité comme politique d'ensemble. La déchéance de la nationalité française est une mesure inefficace, stupide et anti républicaine".

Noël Mamère, député-maire Verts de Bègles : "M. Le Pen et sa fille n'ont plus besoin de parler, la copie parle à leur place. On a le sentiment que le président de la République ne sait plus quoi inventer pour reconquérir son électorat perdu".

Jean-Pierre Brard, député PC : "Aujourd'hui, ce président démagogue a définitivement franchi le seuil de l'acceptable (..). Désormais, c'est tous les jours que ce président déclare 'la guerre': aux jeunes, aux gitans, aux étrangers ou, aujourd'hui, aux 'Français d'une certaine catégorie'. Désormais, c'est tous les jours que Sarkozy sème la haine et viole notre Constitution".

Robert Badinter, professeur de droit constitutionnel et ancien ministre de la Justice, répond à Sarkozy sur le sujet pour lui dénier le droit, en vertu de la loi fondamentale, de déchoir de la nationalité française tout Français d'origine dite étrangère qui s'attaquerait librement à un membre des services de sécurité.

Citant la constitution, le professeur rappelle que : "Tous les Français sont égaux devant la loi quelle que soit leur origine", qu'ils soient français de souche ou d'origine étrangère, précise-t-il.

"L'article premier de la Constitution dit que (...) la France assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine", ajoute-t-il.

Il reproche en même temps à Sarkozy de "faire des discriminations contre les Français au regard de mêmes crimes, de même infractions, selon l'origine de la personne, selon les modalités d'acquisition de la nationalité française". Il estime que : "C'est contraire à l'esprit républicain... et c'est une faute politique parce que le cœur du problème c'est le sentiment de certains de ces Français, que Nicolas Sarkozy appelle d'origine étrangère, de demeurer malgré leur carte d'identité des étrangers de la Nation".

Rappelons que Sarkozy a déjà chargé des membres de son cabinet de préparer un texte de loi pour la rentrée qui mette en œuvre cette prétention de déchoir de leur nationalité les délinquants d'origine étrangère reconnus coupables du délit précité.

The New York Times consacre aujourd'hui un éditorial à la politique xénophobe anti-immigrés de Nicolas Sarkozy.

Il s'en prend notamment au projet de retrait de la nationalité française visant les délinquants d'origine étrangère coupables de polygamie, d'excision ou ayant attenté à la vie d'un membre des forces de l'ordre, rapporte le Nouvelobs.

Il rappelle qu'aux Etats-Unis la citoyenneté américaine, qu'elle soit de naissance ou acquise, est protégée par le 14e amendement et déplore que "Nicolas Sarkozy, qui aime être appelé Sarko l'Américain, attise dangereusement les passions anti-immigrés pour des calculs politiques à court terme".

"Et ce, dans un pays qui a longtemps défendu avec orgueil le principe d'égalité devant la loi de tous les citoyens français", poursuit le journal, rappelant que Sarkozy a épousé une Italienne naturalisée française, Carla Bruni, et a pour père un immigrant hongrois, Pal, qui a également acquis la citoyenneté française.

"Faire campagne contre les immigrés est populaire chez les électeurs français de souche et Monsieur Sarkozy ne s'en est jamais caché. Il a bâti sa campagne présidentielle de 2007 sur son bilan d'homme à poigne (et aux mots incendiaires) lorsqu'il était ministre de l'Intérieur", poursuit le journal.

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/politique/20100806.OBS8189/le-new-york-times-denonce-la-politique-xenophobe-de-nicolas-sarkozy.html

Arnaud Montebourg, député socialiste de Saône-et-Loire, n'y va pas avec le dos de la cuillère dans ses critiques de la politique sécuritaire du président Sarkozy.

Ainsi, "Ce sont presque dix ans de pleins pouvoirs pour Nicolas Sarkozy, comme ministre de l'Intérieur et président de la République, une trentaine de lois votées, des déclarations de guerre depuis des années qui n'ont jamais eu de résultats", déclare-t-il, dans une interview au Parisien-Aujourd'hui en France, avant d'ajouter qu'en matière de sécurité : "Nicolas Sarkozy est, comme d'autres, à ranger au rayon des incapables".

Montebourg s'est dit par ailleurs d'accord avec Michel Roccard pour comparer le projet du gouvernement de condamner les parents délinquants aux actes "de Vichy et des nazis", estimant, sur un autre plan, que : "le pacte constitutionnel ne permet pas de retirer à quelqu’un sa nationalité pour un simple délit".

D'une seule voix au final, le parti socialiste se dit opposé à la politique xénophobe de Sarkozy et lui dénie toute espèce de progrès en matière sécuritaire depuis sa nomination au ministère de l'Intérieur, lui qui avait assis principalement ses batailles électorales de 2002 et de 2007 sur la lutte pour le rétablissement de la sécurité en France.

A présent qu'à la faveur des nouvelles mesures visant à déchoir certains délinquants de leur nationalité française les sondages donnent 2 % de plus à Sarkozy, qui était à 34 % seulement d'opinions favorables ces dernières semaines, l'UMP s'implique de plus en plus derrière le président français pour le soutenir. Le dernier en date de ses membres à s'agiter, Christian Estrosi, ministre de l'Industrie, a même inventé une formule pour l'occasion. "Etre Français ou voyou, il faut choisir", a-t-il annoncé sur Europe-1. "Nous ne devons pas accepter de laisser dénaturer à la fois les engagements et les propos du président de la République. Mais quand quelqu'un, il y a trois ans, quatre ans, cinq ans, 10 ans, a demandé à accéder à la nationalité française et au terme de cela, refuse un certain nombre de principes et notamment viole la loi en permanence, ce n'est pas acceptable", a-t-il encore ajouté.

Le P.S., par la voix de Christophe Borgel, accuse, lui, le gouvernement de "jouer sur l'inquiétude et la peur" et de céder à une "manipulation scandaleuse" car, précise-t-il, "on sait qu'avec des mesures totalement inefficaces, on sème des graines qui conduiront à récolter de la tension et la haine".

Le député Nicolas Dupont-Aignan, ex-UMP, président de Debout la République (DLR) se fait plus critique des décisions prises à la légère par le gouvernement : "J'aimerais qu'on parle davantage de tous ces délinquants qui sont relâchés parce qu'on n'exécute même pas les peines. Aujourd'hui, je vois un immense cinéma, un immense show biz, de la frime", a-t-il souligné.

"On a supprimé cette année 3.000 postes de policiers et de gendarmes", déplore Dupont-Aignan, selon qui, "il y a d'un côté le grand cinéma, de l'autre, il y a les actes et la pratique gouvernementale en matière d'ordre public et de sécurité qui sont totalement en opposition". "Je ne supporte plus ce discours sur la sécurité - que j'accepte - mais qui n'est jamais relayé par les actes (...). J'aimerais de la cohérence", a-t-il également affirmé.

Décidément, Sarkozy a réussi la prouesse de liguer tout le monde contre lui. Après l'ONU qui lui demande de s'expliquer sur l'expulsion des Roms, le débat sur l'identité nationale et le projet de retrait de nationalité à des délinquants, c'est Eva Joly, l'ex juge des affaires financières à Paris, aujourd'hui députée écologiste européenne qui lui adresse une cinglante observation.

L'eurodéputée estime, dans une interview accordée à Paris Match, que Sarkozy pratique "un racisme d'État, très fasciste", en nommant des boucs émissaires. L'identité nationale et l'expulsion des Roms répondent aux mêmes objectifs, considère-t-elle.

"Il ne se demande même pas s'il est légal d'enlever la nationalité, à toute personne d'origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte" à la vie d'un policier, d'un gendarme ou de tout autre dépositaire de l'autorité publique, ajoute-t-elle.

"Savez-vous quelle est la peine encourue pour l'assassinat d'un policier? Perpétuité, avec trente ans incompressibles. N'est-ce pas suffisant? Sarkozy nomme des boucs émissaires. C'est très fasciste. Mais cela va lui coûter cher... Il va détruire la droite républicaine", affirme-t-elle.

Alain Juppé, ancien Premier ministre de Jacques Chirac, se déclare non solidaire du parti UMP qui soutient l'exécutif dans la gestion de la question sécuritaire. Il écrit dans son blog : "La priorité sécuritaire ne doit pas conduire à des exagérations peu compatibles avec nos valeurs fondamentales". Il ajoute plus loin : "le pays n'est pas à feu et à sang" et veut croire que la future loi sur la sécurité "ne doit pas être une loi de pure circonstance".

Il a reconnu, par ailleurs, tout comme le président du Sénat, Gérard Larcher, que l'arsenal juridique existant suffit largement pour répondre aux besoins en matière de sécurité. "Souvent, les textes en vigueur suffiraient s'ils étaient vraiment appliqués", a-t-il précisé.

Comme l'a souligné Eva Joly, Sarkozy et ses amis sont en train de détruire ce qui faisait jusqu'ici la droite républicaine, pour laisser place nette à l'extrême droite qui a hâte de se saisir du pouvoir et d'appliquer sa propre vision rétrograde des affaires publiques.

Bucarest et Sofia réagissent enfin contre les expulsions de Roms décidées par Sarkozy et ses amis.

"Le ministre roumain des affaires étrangères, Teodor Baconschi, s'est dit mercredi 18 août inquiet des "risques de dérapage populiste" et de "réactions xénophobes", et espère que la légalité sera respectée pour chacune des "expulsions" effectuées par la France, faisant écho à des craintes exprimées lundi par des ONG roumaines de défense des Roms", écrit le journal Le Monde d'aujourd'hui.

Le ministre insiste surtout sur le besoin de travailler en étroite coopération avec Paris et l'Union européenne, "hors de toute fièvre électoraliste" (allusion sans doute à la préoccupation de Sarkozy de préparer sa candidature pour 2012) pour venir à bout des problèmes sociaux pendants qui préoccupent la communauté des Roms de toute l'Europe. Celle-ci est estimé entre 530 000 et 2,5 millions de membres en Roumanie et environ 800 000 en Bulgarie.

Bruxelles suit de près, pendant ce temps, la situation de ces Roms, en rappelant à Paris le devoir de respecter la libre circulation et d'établissement des citoyens européens.

Du côté bulgare, l'on s'inquiète tout particulièrement de la mesure qui vise, en France, une ethnie bien particulière, et l'on se dit bien "attristée que la France, pays symbole de la démocratie (...) contribue à la stigmatisation" des Roms.

C'est au tour d'Amnesty International de réagir vertement contre ce qu'elle appelle "la stigmatisation" de la communauté Rom et la mise en place d'un lien dangereux entre la criminalité et les communautés étrangères établies en France.

Aussi, dans un communiqué rendu public, l'organisation humanitaire interpelle-t-elle le régime français à l'effet de "cesser immédiatement de stigmatiser les Roms et les gens du voyage".

"Amnesty International considère que les autorités françaises devraient s'attacher à lutter contre la discrimination au lieu de faire des discours incendiaires établissant un lien entre une communauté toute entière et des pratiques criminelles".

Enfin, "L'organisation redoute que de telles déclarations conduisent à plus de discriminations contre les Roms et d'autres gens du voyage. Nul ne devrait être expulsé au seul motif qu'il est Rom", est-il ajouté dans le communiqué.

Le Parlement européen s'est saisi du dossier des Roms expulsés de France. Un débat est prévu sur le sujet dès mardi prochain.

"Tous les citoyens européens ont les mêmes droits au sein de l'UE. Nul ne peut être expulsé d'un pays simplement parce qu'il appartient à la minorité rom", a prévenu le président de cette assemblée, le Polonais Jerzy Buzek, avant de poursuivre : "Les parlementaires sont préoccupés par la situation des Roms dans certains Etats membres".

La séance s'annonce d'ores et déjà houleuse, avec la déclaration faite par le vice-président du groupe des Verts, Daniel Cohn-Bendit : "La France doit tout de suite arrêter les expulsions et mettre sa législation en conformité avec la législation européenne".

Paris a déjà été saisi de la demande de la Commission européenne au sujet des conditions qui ont entouré les expulsions de Roms et notamment : "des informations détaillées sur le fait de savoir si et dans quelle mesure les garanties requises (par le droit européen) ont été appliquées dans des cas récents" de reconduites aux frontières de ressortissants bulgares et roumains.

Selon le rapport de cette commission, le versement aux Roms rapatriés d'une "aide au retour de 300 euros n'est pas en soi suffisant pour les sortir du champ d'application de la directive européenne sur la liberté de circulation".

Plus d'une centaine d'associations et d'organisations non gouvernementales, des partis politiques appellent à des manifestations demain en France contre les dérives racistes du gouvernement de Sarkozy.

« Les plus hautes autorités de l’État ont fait le choix de jeter à la vindicte publique des catégories entières de population : Roms et Gens du voyage accusés comme les étrangers d’ê̂tre des fauteurs de troubles, Français d’origine étrangère sur lesquels pèserait la menace d’ê̂tre déchus de leur nationalité, parents d’enfants délinquants, etc. », dénonce le tract. « Le nécessaire respect de l’ordre public n’a pas à ê̂tre utilisé pour créer des distinctions entre les habitants de ce pays et désigner des boucs émissaires.»

« Nous avons décidé de réagir car une borne a été franchie », pour Jean-Pierre Dubois, président de la LDH, qui a dénoncé une « ethnicisation scandaleuse » de la société française et mis en garde contre un « éclatement du pacte citoyen ». « Le lien entre insécurité et immigration n’est plus le fait de l’extrême-droite.»

Selon le journal Libération, à Paris, « le sursaut citoyen » débutera à 11 heures, à proximité du ministère de l’Immigration avec Régine, Jane Birkin, Agnès Jaoui, Jeanne Cherhal, Clarika... qui chanteront Les p’tits papiers. Puis départ du cortège à 14 heures à République.

A Lyon, départ à 14 heures de la place Bellecour.

A Rennes, 14 heures aussi devant la mairie.

A Marseille 14h30 sur le Vieux-Port.

A Lille, rassemblement sur le Parvis des droits de l'homme ce vendredi à 18 heures.

Le détail des manifestations est mis en ligne sur le site de la LDH, qui héberge aussi une pétition en ligne. L'appel a pour le moment recueilli environ 51.000 signatures, ajoute Libération.

Si les manifestations ont effectivement eu lieu en France, comme annoncé hier, dans de nombreuses villes, il ne semble pas qu'elles aient intéressé beaucoup de monde.

A Paris, quelques milliers de personnes étaient réunies derrière de nombreux hommes politiques de gauche, des responsables de syndicats, d'associations et des artistes, comme Delanoë, Montebourg, Cambadélis, Besancenot, Laurent et Buffet du PCF, Mélanchon, Danièle Mittérrand, Jane Birkin, etc., et ont entonné une chanson de Serge Gainsbourd, "Les petits papiers", sous les fenêtres d'Eric Besson, le ministre de l'Identité nationale.

A Bordeaux, Toulouse, Lyon, Montpellier, Perpignan, etc., d'autres regroupements, de moindre importance cependant, se sont également constitués pour flétrir les mesures d'expulsion des Roms prises par le gouvernement de Sarkozy.

Ce dernier s'est flatté de constater que la mobilisation tant redoutée n'a finalement pas eu lieu et qu'elle peut être considérée comme un échec.

Le Parlement européen, réuni aujourd'hui sur la question des Roms s'est prononcée à une large majorité contre leur expulsion de France et d'ailleurs en Europe. Aussi, a-t-il, à l'initiative des Verts, des socialistes, des communistes et des libéraux, adopté une résolution demandant « de suspendre immédiatement toutes les expulsions de Roms ».

Certes, il n'y a aucune contrainte dans une telle résolution mais elle constitue un symbole suffisamment significatif de la réprobation des euro-députés. Ces derniers marquent ainsi leur rejet « de la rhétorique provocatrice et ouvertement discriminatoire qui a marqué le discours politique au cours des opérations de renvois des Roms dans leur pays, ce qui donne de la crédibilité à des propos racistes et aux agissements de groupes d'extrême-droite ».

Dans un communiqué, les députés de droite français à Bruxelles regrettent, de leur côté que « par ses anathèmes hypocrites et ses condamnations sans fondements, la Parlement européen contribue à enliser le débat ».

Pour Eric Besson, le ministre de l'Immigration, enfin, il n'est pas question de suspendre les reconduites dans les pays d'origine, qu'il s'agisse de Bulgares, de Roumains ou d'autres nationalités.

L'U.E., qui s'était montrée jusqu'ici quelque peu compréhensive dans l'affaire de l'expulsion des Roms, se rebiffe désormais contre les relents ouvertement racistes du gouvernement français.

Viviane Reding, commissaire européenne à la Justice et aux droits des citoyens, s'est déclarée scandalisée par l'attitude de Paris qui lui avait caché l'existence d'une directive visant les Roms, et estime que c'est "une honte".

Aussi, la Commission européenne déclare-t-elle, ce matin, son intention de poursuivre la France en justice pour sa violation du droit européen à propos de l'expulsion des Roms vers leur pays d'origine, la Roumanie et la Bulgarie.

Il faut rappeler que, ces derniers jours, un site Internet provincial avait reproduit les fac-similés de circulaires adressées par le ministre de l'Intérieur aux préfets qui spécifient les procédures d'exécution accompagnant l'expulsion des Roms du territoire national.

En dépit des observations reçues de l'U.E., le gouvernement français continue de renvoyer les Roms chez eux.

Aujourd'hui, un avion spécialement affrété en direction de Bucarest a décollé vers 15 h, de Roissy-Charles-de-Gaulle, avec 160 Roms à son bord. Cette fois, les journalistes n'ont pas assisté à ce départ, indique une dépêche de l'AFP.

A ce jour, indique le ministère de l'Intérieur, 441 campements dits illicites ont été démantelés depuis le 28 juillet dernier, et 1 millier de Roms bulgares et roumains ont été reconduits dans leur pays d'origine, précise, de son côté, le ministère de l'Immigration.

Au sommet d'hier de l'U.E., le fantasque Sarkozy a tenté de défendre sa politique d'expulsion des Roms, sans convaincre ses partenaires, à l'exception de l'extrémiste Berlusconi. Barroso, le président de la Commission européenne, a d'ailleurs échangé avec lui quelques vifs propos qui marqueront désormais aux antipodes leur approche respective de la question.

Angela Merkel, la chancelière allemande, que Zarkozy a, dans le débat, citée au nombre des chefs d'État ayant approuvé sa position, s'est aussitôt empressée de démentir le propos. La dame de fer allemande ne tient nullement à ce que son nom soit associé à une décision plutôt irresponsable qui n'engage que le chef d'État français seul.

Par suite de ces échanges houleux qui ont affecté négativement la cohésion du sommet, les journaux européens ont pris le relais ce matin pour stigmatiser avec un bel ensemble les menées racistes du gouvernement extrémiste français.

Le Nouvelobs a fait un point très instructif de leurs commentaires que voici in extenso.

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Roms : La presse européenne condamne le "petit enfant" Sarkozy

Le clash entre Nicolas Sarkozy et l'UE sur la polémique provoquée par l'évacuation des camps de Roms fait la Une de la plupart des journaux européens.

La presse européenne se montrait vendredi 17 septembre sévère à l'égard du président français Nicolas Sarkozy, les journaux allemands notamment s'inquiétant des retombées sur l'unité européenne de la tempête politique déclenchée par la polémique sur l'évacuation de camps de Roms en France.

"Populiste", selon le Financial Times Deutschland

Pour le Financial Times Deutschland, le coup d'éclat de Nicolas Sarkozy jeudi au Conseil européen où il a défendu bec et ongles sa politique d'expulsion des Roms provoque une escalade de la crise au niveau européen.

Nicolas Sarkozy s'est comporté au sommet "comme en petit enfant, pris en faute de mensonge, et qui s'entête à insister qu'il dit la vérité", selon le journal pour qui son comportement rappelle le dicton "l'Etat c'est moi".

Mais, ajoute le journal, sa sortie force l'UE à prendre la discussion sur les Roms au sérieux et à réfléchir à la façon dont elle doit réagir vis-à-vis "d'un populiste qui ne se préoccupe pas du droit européen".

"L'UE a le droit de s'immiscer dans ce débat" et les "autres dirigeants européens devraient soutenir la Commission en ce sens", estime le quotidien.

"Isolé", selon le Tagesspiegel

Pour le Süddeutsche Zeitung, "la Commission européenne doit réagir vis-à-vis du gouvernement français lorsque les Roms sont utilisés comme des boucs-émissaires".

Mais, ajoute ce journal, l'UE ne doit pas non plus "faire enrager Sarkozy" car elle "ne doit pas se fourvoyer dans des combats venimeux touchant aux susceptibilités nationales" alors qu'elle doit s'affirmer face aux autres super-puissances du monde.

Avis partagé par le Tagesspiegel pour qui "Sarkozy semble bien isolé". Et si Paris est en droit de s'insurger contre les propos tenus par la commissaire européenne Viviane Reding, comparant les expulsions de Roms aux déportations de la Seconde Guerre mondiale, "il est juste que les autorités de Bruxelles mesurent la politique du chef d'Etat français à l'aune de l'Europe".

"La méthode Sarkozy"

Quant au conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung, il estime que "la crise des Roms est, et ce n'est pas le moindre, une leçon (inachevée) sur la faiblesse de la "méthode Sarkozy"", et que le président français cherche à "regagner des forces grâce aux électeurs d'extrême-droite".

Le quotidien néerlandais de gauche De Volkskrant, soulignant que "le sommet européen a tourné à la confrontation violente", juge que "Barroso en a pris pour son grade".

En Italie, le Corriere della Sera (centre), principal tirage, titre : "Sarkozy va de l'avant : dehors les Roms", surtitre : "Berlusconi : pour l'immigration il faut une politique forte. Les remerciements de l'Elysée : un véritable ami".

La Repubblica (gauche), dans un éditorial intitulé "la marche arrière de l'histoire", affirme que "ce sont des heures sombres celles dans lesquelles les classes dirigeantes se retrouvent victimes des décisions irrationnelles qu'elles ont prises pour contrôler le mécontentement populaire".

"C'est une ironie de l'histoire que le protagoniste de cette marche arrière soit un président français originaire de Hongrie, c'est-à-dire d'une nation aujourd'hui encore affligée de pulsions xénophobes envers une minorité déjà victime de persécutions atroces sur son territoire", ajoute l'éditorialiste.

Le clash fait la Une en Espagne

La Stampa (centre) titre "Rapatriements de Roms, Affrontement Sarkozy-Barroso au sommet".

"Les dirigeants de l'UE devraient avoir des choses plus importantes à faire que de se chamailler à propos des gitans", juge le quotidien The Independent, seul de la presse britannique à consacrer un éditorial au sujet. Mais le journal juge "erronée" toute comparaison avec la deuxième guerre mondiale: "Hitler attaquait une minorité culturelle distincte. Sarkozy et Berlusconi expulsent les plus pauvres et les plus faibles des immigrés sur la base d'un préjugé populaire".

En Espagne, le clash de jeudi fait la Une de tous les quotidiens.

"La France s'est à juste titre retrouvée dans les cordes en raison d'une politique qui va à l'encontre des principes européens de la liberté de mouvement et contre les discriminations raciales", estime El Pais.

Pour El Mundo, "l'UE a vécu une de ses journées les plus tendues, mais la question simple à laquelle Bruxelles devra répondre est la France a-t-elle violé la loi communautaire sur la libre circulation. Et si oui, appliquer la sanction hors de toute pression politique".

(Nouvelobs.com)

Dans le sillage de L'Economist qui avait brocardé Sarkozy en l'appelant "le président qui rétrécit", le magazine Newsweek lui accorde les honneurs de sa "une", du numéro de son édition européenne à paraître le 4 octobre, pour illustrer un dossier mettant en relief la montée de l'extrême droite en Europe.

Cette dernière, "région la plus démocratique du monde, est désormais le terreau des politiques extrêmes", observe Denis McShane, l'un des intervenants du dossier, selon qui ces politiques sont relayées par "ceux qui relient leurs déboires nationaux aux immigrés – ou aux puissances nucléaires, ou à l'Union européenne, ou aux musulmans, ou aux juifs, ou au marché, ou aux États-Unis".

L'auteur ajoute : "Nicolas Sarkozy, à la recherche d'un coup de fouet populiste pour retrouver son aura politique, a lancé une campagne de violentes accusations et d'expulsions forcées contre la minorité rom". Il évoque ensuite les protestations de Viviane Reding, la commissaire européenne à la Justice, qui n'était "pas loin de traiter Sarkozy de nazi."