Décidément, Moscou infléchit sa politique étrangère de plus en plus à droite, faisant table rase du passé et feignant surtout d'oublier que le Conseil de sécurité, émanation de l'ONU représentant plus de 180 nations, n'est et ne peut être la propriété exclusive de quelques États, fussent-ils les plus avancés ou les plus puissants de la planète.
Ainsi, Vitali Tchourkine, l'ambassadeur russe auprès de l'ONU, a cru devoir déclarer aujourd'hui à l'assemblée générale : "Les efforts visant à réformer le Conseil de sécurité ne doivent pas porter atteinte à son efficacité. Nous croyons qu'il doit rester compact et jugeons contre-productives les idées visant à réduire les compétences de ses membres permanents actuels, y compris relatives au droit de veto".
En d'autres termes, Moscou appuie l'idée de rendre le Conseil plus représentatif, mais insiste sur le maintien du rôle des cinq membres permanents actuels et s'oppose à l'octroi du droit de veto à d'autres membres.
Un tel statu quo qui donne la part belle aux cinq membres permanents disposant d'un droit de véto continuerait donc d'ignorer l'existence de pays développés ou émergents, aussi puissants qu'eux et surtout plus représentatifs encore par leurs populations (Inde : 1,4 milliard d'habitants ; Brésil : 250 millions, pour ne citer que ceux-là) et disposant d'une large audience sur des pans entiers de l'humanité.
Sauf à considérer que Moscou craint de se retrouver dans quelques décennies au rang des pays sous-développés vu l'archaïsme dans lequel il se débat, le retard et le désordre qu'il continue de cultiver depuis vingt ans et entend préserver dès maintenant son privilège de membre à part entière disposant du droit de véto, une telle prise de position de sa part exprime un reniement total des valeurs qu'il avait toujours défendues et dénote un véritable repli sur les idées fascistes et dominatrices qui sont le lot du monde occidental depuis des siècles.
Le plus étrange est que Sarkozy que l'on range d'ordinaire à l'extrême droite pense exactement le contraire et souhaite que la réforme de l'ONU permette aux nouveaux pays développés ou émergents d'accéder aux mêmes droits que les cinq disposant du droit de véto.