Avec un certain unanimisme, l'Europe commence à légiférer contre ce qu'elle appelle, par euphémisme, des atteintes à son image, pour ne pas donner un accent xénophobe à ses entreprises éminemment discriminantes à l'égard de ses immigrés de confession islamique.
La Suisse a d'abord donné le la il y a quelques mois en soumettant à référendum l'interdiction d'édifier des minarets. Conforté par une majorité satisfaisante de suffrages approuvant un tel projet, le gouvernement helvète s'est alors réfugié derrière une décision votée par le peuple.
La France, ensuite, s'est égarée dans des considérations dites d'identification nationale, aussi mesquines que provocantes, pour mieux lutter contre l'immigration dite sauvage provenant tout particulièrement de ses anciennes colonies. Prenant prétexte de l'impossibilité de recevoir une population aussi nombreuse de migrants, dans un contexte de crise économique il est vrai, elle entend réduire drastiquement le nombre d'étrangers vivant chez elle, même parmi ceux déjà naturalisés français depuis parfois deux ou trois générations. Faute de lois appropriées, elle s'engage activement dans leur préparation et projette en priorité, dès l'été prochain, d'interdire sur son territoire le port de la burka et du niqab. La droite, en particulier, s'emploie à cor et à cri à faire accroire que les immigrés sont à l'origine de la faillite conjointe du système de santé et de la sécurité sociale...
La Belgique, un pays voisin, lui a emboîté le pas, en votant aujourd'hui même la loi interdisant ces signes extérieurs dits islamiques. Pourtant, des problèmes bien plus préoccupants, comme le sempiternel conflit intra-communautaire entre Wallons et Flamands qui est loin de connaître son épilogue, ou comme la vacance du gouvernement, après la démission du Premier ministre pour la troisième fois, devraient retenir plus prioritairement l'attention.
D'autres pays, peut-être hésitants encore, ne manqueront sans doute pas de suivre dans les prochaines semaines ou les prochains mois.
Une telle distance ainsi prise à l'égard du monde principalement musulman donne à n'en pas douter plus de lumière désormais sur l'approche européenne des droits humains incontestablement négative. Sans vouloir défendre une lubie, éphémère et impayable en fin de compte, que quelques dizaines ou centaines de musulmans arabes vivant en Europe arborent à contre-courant des valeurs qui y ont cours, il est vraiment regrettable que les gouvernants s'abaissent à un niveau aussi bas et cèdent à une volonté affichée par l'extrémisme de stigmatiser toute une tranche de la population immigrée.