Le film "Hors-la-loi", un coup d'épée dans l'eau ?

Projeté au même moment à Cannes et à Alger, le film du Franco-Algérien Rachid Bouchareb qui a soulevé tant de protestations en France, dans les rangs extrémistes de droite, parce qu'il relaterait un volet de l'histoire algérienne peu conforme à la vérité, s'est révélé finalement être un non-événement.

Dans la forme, il raconte l'histoire de trois frères nés dans les années trente qui émigrent en France après avoir échappé aux massacres du 8 mars 1945 à Sétif. Malgré des parcours initialement différents, ces frères se retrouvent, par une espèce de communauté de destin, imbriqués ensemble dans la lutte de libération nationale, et activent en conséquence dans les rangs de l'organisation para-militaire FLN établie en France.

Dans le fond, le cinéaste met en lumière le côté comme toujours affligeant de la guerre, avec ses tueries, ses débordements et ses injustices pas seulement dans la confrontation qui a opposé l'armée et la police française contre les militants du FLN mais aussi dans les combats fratricides qui ont ensanglanté deux mouvements algériens, le FLN et le MNA, que le devoir aurait dû assembler dans l'objectif commun de libérer le pays du joug colonial.

Enfin, selon le journaliste qui en a fait un compte rendu à l'issue du visionnage de ce film, "Hors-la-loi" n'apporte rien qui s'accorde à la campagne de publicité développée à son sujet sur l'autre rive de la Méditerranée.

Pour son coût, soit 20 millions d'euros, dont l'Algérie a supporté le quart, il est plus que certain que les cinéastes autochtones auraient pu réaliser vingt ou cinquante films beaucoup plus remarquables et méritoires.