« Que Bernard Kouchner veuille faire croire qu'il porte toujours de l'intérêt aux droits de l'homme est une question qui le regarde, mais qu'il colporte des clichés sur la Tunisie, il n'en a plus le droit », a répliqué, dans un communiqué, le ministre tunisien des Affaires étrangères à Bernard Kouchner, son homologue français. « Quand on parle de journalistes “emprisonnés” et quand on le fait sous les lambris de la République française, on doit vérifier ses allégations pour éviter de se tromper de pays et d'époque », poursuivit le communiqué.
Bernard Kouchner, à l'inverse du président français qui avait montré, sur le sujet, beaucoup plus de retenue lors de son voyage à Tunis l'an dernier, n'a pas été avec le dos de la cuillère, en déclarant au journal Jeune Afrique, dans un entretien : « C'est vrai qu'il y a des atteintes aux droits de l'homme, des journalistes tracassés, parfois emprisonnés, et une politique générale de fermeté », avant de poursuivre : « Je ne peux pas être d'accord avec ce qui contrevient à la liberté d'expression et d'association, et je serais très heureux si les élections se déroulaient dans un climat de transparence et de compétition. »
Dénier le droit à Kouchner de déplorer les atteintes au droits de l'homme, en Tunisie ou ailleurs, relève en vérité, de la part du ministre Abdelwahab Abdallah, d'une vision bien étroite et excessive de la notion même des droits humains. Quiconque est en droit de dénoncer les abus et autres excès mettant en cause n'importe quel régime de la planète, au nom justement de cette déclaration des droits de l'homme si juste portée au fronton des Nations Unies et que tous les Etats ont approuvée et se doivent d'appliquer dans toute sa rigueur. Seuls les régimes dictatoriaux comme la Tunisie et quasiment tous les pays arabes feignent d'ignorer la portée et la valeur de ce document historique que l'homme, sous toutes les latitudes, doit à la Révolution française de 1789.