Enfin un sommet international consacré à la famine des pays pauvres

Quarante-quatre chefs d'Etat et de gouvernements se sont rencontrés aujourd'hui à Rome, dans le cadre de la conférence au sommet organisée par la FAO pour répondre à la menace de famine qui pèse sur nombre de pays du tiers-monde.

Nombreux ont été les dirigeants internationaux à demander, à cette occasion, l'ouverture des barrières commerciales et douanières qui empêchent la libre circulation des produits alimentaires. Certains pays producteurs, notamment de riz, ont en effet imposé de sérieuses restrictions aux exportations qui ont accentué la pression exercée à la hausse sur les prix.

Ban ki moon, le secrétaire général de l'ONU, s'est prononcé sur la nécessité de libérer immédiatement les exportations à destination des pays menacés par une famine imminente, en insistant sur le fait que déjà 850 millions de personnes souffrent de la faim.

Jacques Diouf, directeur de la FAO, a dénoncé, lui, "les pays riches consacrant des milliards de dollars aux subventions agricoles, à une consommation alimentaire marquée par l'excès et le gaspillage, et aux armements."

"Le coût des principales denrées a doublé au cours des deux dernières années et les prix du riz, du maïs ou du blé affichent des niveaux record. Certains prix atteignent, en termes réels, leur plus haut niveau depuis trente ans et des "émeutes de la faim" ont éclaté dans plusieurs pays en développement ou le budget consacré à l'alimentation dépasse la moitié des revenus", écrit, à ce propos, l'AFP, pour mettre en lumière le caractère sérieux de la crise qui touche des dizaines d'Etats pauvres.

La culture intensive des biocarburants, favorisée par la hausse des prix du pétrole, a été elle aussi dénoncée, à cause des surfaces de plus en plus étendues qu'elle accapare, au Brésil comme aux Etats-Unis, aux dépens des cultures vivrières. Face à la montée des besoins en produits alimentaires, Ban ki moon a, enfin, mis l'accent sur la nécessité d'augmenter les productions vivrières de 50 % d'ici 2030.

"On ne peut pas se permettre d'échouer. C'est une lutte qu'on ne peut pas se permettre de perdre, la faim crée l'instabilité, et nous devons réagir maintenant et tous ensemble", a prévenu Ban ki Moon lors d'une conférence de presse conjointe tenue aujourd'hui, en marge de la réunion de la FAO, avec le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick.

Le secrétaire général de l'ONU ne pouvait pas être plus explicite pour souligner l'urgence des solutions à apporter au problème de la faim dans le monde que le renchérissement de 40 %, au cours des quatre derniers mois, des produits alimentaires est venu compliquer dangereusement. Aussi, a-t-il insisté : "Le plan d'action doit être mis en place de façon urgente, des millions de personnes attendent (...) On aura besoin de 15 à 20 milliards de dollars par an". Et il voudrait même que : "le système commercial international fonctionne de façon efficace pour que davantage de denrées soient mises sur le marché et à des prix raisonnables".

Une première initiative d'urgence a été prise par la FAO : 17 millions de dollars vont être injectés pour lutter contre la flambée de prix.

Un don de 1,5 milliard de dollars est annoncé, de la part de la Banque mondiale, à titre d'aide aux pays les plus pauvres.

Le Programme alimentaire mondial débloque, de son côté, une enveloppe de 1,2 milliard pour lutter contre la crise.

Un plan d'action, enfin, est en préparation. Il devra être présenté au G8 de juillet prochain au Japon