Ghaza tente d'inverser le cours des événements

Combinant apparemment la fin de leur retrait de la bande de Ghaza avec l'investiture de Barack Obama, les Israéliens ont abandonné carrément le terrain qu'ils se promettaient pourtant de conserver jusqu'à l'extermination du Hamas.

Force est de constater, aujourd'hui, que leurs objectifs n'ont donc pas tous été atteints, même si leurs ennemis islamistes ont essuyé une telle dégelée qu'ils manqueraient à leur devoir d'humilité s'ils osaient d'aventure revendiquer quelque gloire de leur affrontement avec Israël.

En fait, le Hamas, assuré à présent de pouvoir reconstruire ses pertes matérielles grâce à l'argent du pétrole des Arabes, ne pouvait manquer cette occasion inespérée de redorer son blason. Sortis en masse dans la rue, dès la fin des hostilités, ses militants, toute honte bue, s'honoraient d'avoir résisté victorieusement à l'ennemi. Ni les 1400 morts, ni les 6000 blessés, ni l'ensemble des destructions d'immeubles et de biens recensés jusqu'ici à leurs dépens ne semblent avoir affecté leur détermination à crier presque victoire.

A dire vrai, c'est surtout au plan politique que Haniyé peut se permettre de pavoiser. Confiné longtemps avec ses troupes dans le réduit de Ghaza, cet ex Premier ministre reprend désormais du poil de la bête. Profitant indirectement des souffrances infligées à son peuple, Haniyé fait figure implicitement de héros qui a tiré ses marrons du feu. Il a même réussi la prouesse d'imposer sa présence aux négociations qui ne manqueront pas d'être engagées entre les parties belligérantes. Mieux encore, il risque de reléguer au second plan son adversaire politique Mahmoud Abbas, malgré les résultats catastrophiques auxquels son entêtement ou sa cécité à conduit les Palestiniens de Ghaza.

D'ailleurs, n'est-ce pas que, d'ores et déjà, les dirigeants arabes invitent-ils avec insistance tous les Palestiniens à se rabibocher autour de leurs dirigeants des deux camps ? Il est fortement à craindre, ce faisant, que les islamistes ravissent le pouvoir et tout le pouvoir à leurs adversaires du Fatah. Et dans ce cas de figure, les Israéliens auront donc joué la mauvaise carte, bien qu'ils n'aient perdu en fin de compte que 13 personnes dans leur agression sauvage et excessive.

Pour reconquérir l'estime des populations de Ghaza, ébranlées par les destructions de ces dernières semaines, le Hamas a annoncé qu'il verserait aux familles de victimes respectivement 1000 € et 500 € par personne tuée ou blessée. Par ailleurs, ceux dont la maison a été détruite percevront 4000 € d'indemnité, si elle est complètement à terre, et seulement 2000 € si elle n'est touchée qu'en partie. Ces dédommagements coûteront environ une trentaine de millions d'euros, estime le porte-parole du Hamas.

Le dernier bilan des pertes fait état de 1330 morts et 5450 blessés. 4000 maisons ont été entièrement détruites et 17000 autres partiellement, selon le Bureau palestinien des statistiques.