Le 28 août dernier, pour avoir affiché à bord de son vélo, sur lequel il se rendait à une manifestation publique en l'honneur d'une visite présidentielle, une pancarte très évocatrice du langage sarkozyste en public "Casse-toi pov'con !", Hervé Eon, un militant de gauche, s'est vu condamner à 30 euros d'amende avec sursis.
Pour offense au chef de l'Etat, la peine encourue est en fait une amende de 45 000 euros. Mais le juge, tenaillé sans doute entre la pression hiérarchique et le devoir de préserver la liberté d'opinion, a fini par adopter une position médiane : infliger une amende négligeable assortie d'un sursis.
L'accusé qui considère que la condamnation, quoique symbolique, reste quand même une condamnation, entend faire appel de la sanction prise contre lui. Il veut être tout simplement relaxé.
En fait, il s'agit là d'une justice à deux vitesses, considèrent nombre de commentateurs. Quand le président Sarkozy, défrayant les règles élémentaires de la décence, s'était permis publiquement d'apostropher sous la même expression insultante un visiteur du salon de l'agriculture, personne n'avait rien trouvé à redire. Tout le monde avait simplement noté la verdeur langagière du président français, sans s'en émouvoir outre mesure.