Kurt WALDHEIM a cassé sa pipe

A 88 ans, l’ancien ministre des affaires étrangères (1968-1970), devenu secrétaire général de l’ONU (1972-1981) avant d’être élu président de l’Autriche (1986-1992) s’est donc éteint, laissant une controverse toujours ouverte à propos de son court passé dit nazi.

De façon unanime, la presse de ce matin a essuyé d’un revers de main toute la longue action menée à la tête de l’ONU par le défunt pour se focaliser sur la seule et courte période de son passé d’officier parmi les troupes nazies, lors de la seconde guerre mondiale. C’est à 19 ans que Waldheim a en effet servi dans les rangs des S.A. et ce, jusqu’à sa blessure en 1941, sur le front russe. Envoyé entretemps en Grèce et en Yougoslavie, Waldheim aurait aussi eu connaissance déjà là des graves exactions nazies entreprises à grande échelle sur les populations civiles, sans jamais éprouver quelque besoin de les dénoncer, à titre au moins humanitaire, lui a-t-on reproché.

Pour avoir justement dissimulé ce passé, peu en odeur de sainteté, dans une Europe des années 80, encore aux prises d’une quête très pointilleuse de toutes les complicités ayant marqué le régime nazi, Waldheim finira par être rattrapé par son silence. La sévère campagne de presse déclenchée contre lui tout au début des années 80 réussira d'ailleurs à l’inhiber fortement dans la conduite des affaires d’Etat dont, en qualité de président de la République, il aura la charge à partir de 1986.

C’est ainsi que les portes se sont quasiment refermées devant lui, devenu, en un rien de temps, persona non grata dans la plupart des capitales occidentales. Excepté deux visites rendues au Vatican, et quelques autres dans les pays arabes, le mandat de Waldheim s’est donc déroulé en silence, offrant, pendant ce temps, aux Autrichiens l’occasion, comme lui-même l’avait souhaité, de faire face à leur passé et à reconnaître qu’ils n’avaient pas tous été des victimes passives du nazisme.

Pourtant, durant son mandat aux Nations Unies, Kurt Waldheim s’était distingué par une activité sans relâche pour tenter de résoudre l'épineux problème arabo-israélien, ou de mettre le holà aux génocides de Hutus déclenchés au Burundi.

Ce juriste, fils d’instituteur, décoré par le Pape, en 1994, pour son action à l’ONU, n’a, en fait, pas quitté l’armée après la blessure reçue sur le front russe. Il a rejoint, dès 1942, les Balkans. C’est, d’ailleurs, son séjour dans cette région qui est à l’origine des attaques virulentes dont il fera l’objet, après sa sortie de l’ONU et son élection à la présidence de son pays, en 1986. Il aurait été impliqué dans les exécutions ou autres exactions commises contre les partisans de Tito et les juifs de Salonique.

Bien qu’en fin de compte il ait été innocenté de crimes de guerre, en 1988, par une commission internationale d’historiens, Waldheim, qui a été inscrit dans les listes de personnes indésirables aux USA, est resté l’homme "informé" qui avait commis le sacrilège de se taire, tout simplement.