Le Point.fr - 05/02/2012
par Louise Cuneo
Un vaste essai clinique américain montre que le dépistage systématique de ce cancer doit être vivement déconseillé.
Mesdames, ne cherchez surtout pas à savoir si vous êtes atteintes d'un cancer de l'ovaire ! Non seulement le dépistage systématique serait inutile, mais il serait en plus potentiellement nocif.
La durée de survie à un cancer de l'ovaire est directement liée au stade de développement de la maladie au moment où elle est diagnostiquée..., ce qui intervient souvent assez tard. Par ailleurs, il est fort difficile de tirer des conclusions de l'observation des symptômes, qui sont très variés. Faut-il dès lors se fier aux protocoles de dépistage classiques pour se préserver du septième cancer le plus fréquent chez la femme ?
Non, à en croire le résultat d'un vaste essai clinique mené aux États-Unis sur plus de 78 000 femmes âgées de 55 à 74 ans sans antécédents particuliers, pendant douze ans ou plus pour la moitié d'entre elles. Pour réaliser l'étude, ces femmes ont été divisées en deux groupes : l'un n'a subi aucun examen, l'autre - nommé "dépistage" - a été soumis aux techniques de dépistage classique, une échographie transvaginale et un dosage du marqueur tumoral (le CA 125).
Faux diagnostics
Les conclusions de cet essai, relayées par la revue indépendante Prescrire, sont sans appel : la mortalité par cancer de l'ovaire a été similaire dans les deux groupes, tout comme la mortalité totale, ainsi que le nombre de cancers découverts à un stade avancé (qui représentent environ 77 % dans chacun des deux groupes). Apparemment donc, dépister ne servirait tout bonnement... à rien : on n'en mourrait pas moins.
Mais il y a pire. Dans le groupe "dépistage", près de 10 % des femmes ont eu un résultat "faussement positif" : en somme, une femme sur dix s'est vu diagnostiquer un cancer de l'ovaire à tort. Un tiers de ces femmes ont ainsi subi une intervention chirurgicale, qui s'est conclue par de sévères complications dans 15 % des cas. Il existe ainsi une probabilité de se faire opérer inutilement avec de potentielles graves complications à la clef.
Mieux vaut donc clairement éviter le dépistage du cancer de l'ovaire, a fortiori lorsqu'on ne présente pas de risque familial. Une règle qu'il ne faut cependant pas généraliser à tous les types de cancer. Ainsi, le dépistage contre le cancer du col de l'utérus reste bien le principal moyen de s'en préserver, et ce, malgré la vaccination par le Gardasil.
(http://www.lepoint.fr/sante/cancer-de-l-ovaire-mieux-vaut-ne-pas-le-depister-05-02-2012-1427570_40.php)