Comme si l'élection américaine constituait pour lui un non-événement, le président russe Medvedev, qui n'y a fait aucune allusion, n'est pas allé avec le dos de la cuiller pour flétrir la conduite des affaires américaine au double plan de la politique économique et internationale.
Au plan économique, d'abord, le président Medvedev fait endosser l'entière responsabilité de la crise financière internationale à Washington qu'il accuse d'avoir commis une erreur "
en gonflant la bulle financière pour stimuler sa croissance". L'orateur, qui s'est exprimé à l'occasion de son premier discours annuel à la nation, reproche à l'équipe Bush de "
ne s'être pas donnée la peine de coordonner ses efforts avec d'autres participants des marchés et a ignoré tout sens élémentaire de la mesure". Autrement dit, il rend responsable la Maison Blanche des conséquences gravissimes qui ont affecté l'économie mondiale en général et l'économie russe en particulier.
En matière de politique internationale, ensuite, Washington a été également désignée nommément pour avoir fomenté la crise géorgienne dans l'intention avérée, d'un côté, de frayer à ses navires de guerre un chemin vers la mer Noire, et, de l'autre, de justifier aux yeux des Européens la mise en place du bouclier antimissile en Pologne et en Tchéquie.
Medvedev, pour parer contre cette dernière initiative, prévient que son pays mettra en place des mesures de rétorsion. "
Pour neutraliser en cas de nécessité le système de défense antimissile, on va déployer dans la région de Kaliningrad le complexe de missiles Iskander", a-t-il déclaré, avant d'ajouter : "
Depuis la même région, on va brouiller les nouveaux éléments du système de défense antimissile que les Etats-Unis ont l'intention de déployer".
Il reste à espérer que l'alternance qu'apporte l'avènement d'Obama mettra rapidement fin à cette levée de boucliers, porteuse de graves dangers, qui tend à faire resurgir la guerre froide ayant tant empoisonné les relations est-ouest durant plus de quatre décennies.