Ce matin, Vladimir Poutine a cédé sa place à Dmitri Medvedev, le nouveau président russe, élu au suffrage universel.
Dans la salle Saint André du Kremlin, devenue à partir de 1856 le lieu du couronnement des tsars durant leur dynastie, Medvedev a donc prêté serment sur la Constitution, dans une atmosphère fastueuse digne de l'époque tsariste, devant 2000 invités comprenant hauts dignitaires du pays, ambassadeurs, députés et gouverneurs.
A la cérémonie, retransmise par la télévision, la jeunesse du troisième président a particulièrement retenu l'attention. A 42 ans, il est le plus jeune chef d'Etat après Nicolas II intrônisé à 26 ans. Les Russes fondent de gros espoirs de voir ce digne représentant de l'intelligentsia s'entourer très vite d'intellectuels, d'entrepreneurs et de technocrates de qualité qui contrasteront nettement avec l'archaïsme des dirigeants actuels issus, pour 30 % d'entre eux, des services de sécurité.
L'on sait, certes, que Vladimir Poutine a joué un rôle de premier plan dans le choix de son successeur qu'il couve un peu comme son poulain. L'on sait aussi qu'il ne quitte pas le pouvoir puisqu'il est appelé, dès demain jeudi, à conduire lui-même le gouvernement, tout en gardant le contrôle du parti majoritaire "
Russie unie", et qu'il aspire à revenir par la grande porte à la tête du pays, sitôt le premier mandat de Medvedev achevé, mais rien n'assure enfin que les choses tourneront de la façon qu'il les projette.
Il est vrai qu'en calculateur astucieux il a déjà pris ses devants en obligeant d'ores et déjà les gouverneurs et autres responsables régionaux et locaux à se placer désormais sous la tutelle non de la présidence de la République mais du gouvernement, de sorte que les analystes lui prêtent d'ores et déjà le pouvoir d'être le vrai responsable de l'exécutif. D'aucuns n'hésiteront d'ailleurs pas à rapprocher le nouveau régime russe de celui du Royaume uni, où le rôle de la reine est très effacé.
Mais, rien ne dit que Medvedev, une fois les rênes en mains, ne soit lui-même tenté de briser ce carcan dans lequel Poutine croit l'avoir enserré. Ne dit-on pas que l'appétit vient en mangeant ?