L'installation annoncée d'un cabinet d'avocats français en partenariat avec des collègues algériens à Alger est un fait nouveau, préludant à une agitation de professionnels divers qui était déjà dans l'air.
Une levée de boucliers amorcée déjà par les experts comptables nationaux donnera vraisemblablement le signal à d'autres corporations pour tenter de fermer le passage aux cabinets étrangers intéressés par le marché algérien.
Les unes comme les autres entendent, en effet, se réserver ce dernier à elles seules. Prétextant qu'en France ou ailleurs la non reconnaissance des diplômes algériens leur ferment les portes, elles voudraient donc, comme au temps du socialisme de la mamelle, que l'on refuse l'installation en Algérie de toutes les fonctions libérales. Ni médecins, ni avocats, ni architectes, ni experts comptables, ni autres professions libérales ne devraient, à les entendre, être autorisés à ouvrir de cabinets en Algérie.
N'est-ce pas là une curieuse manière d'appréhender l'économie de marché, pour les professionnels algériens ? Ils claironnent pourtant à longueur d'année leur adhésion totale au système libéral, pour faire valoir la déréglementation totale en matière surtout d'honoraires. La clientèle, notamment, des avocats en sait bien long là-dessus, elle que l'on rançonne en fonction de ses revenus ou de sa position sociale.
A cause notamment des insuffisances et autres négligences professionnelles qui les singularisent bien souvent, il serait bon que leurs collègues étrangers viennent s'installer en grand nombre dans le pays. Sous l'effet de la compétition, la clientèle gagnerait à disposer d'une prestation correcte à un prix concurrentiel. Il se créerait ensuite un effet de stimulation qui obligerait nombre de professionnels locaux à veiller constamment à leur mise à niveau nécessaire et indispensable s'ils veulent rester dans les rangs. L'on imagine, d'ores et déjà, le nettoyage salutaire que la concurrence ne manquera pas de provoquer dans certains milieux particulièrement sclérosés.