Par un curieux concours de circonstances c'est seulement hier - où l'Algérie a montré son véritable visage de dictature arabe - qu'un message de Wikileaks concernant les élections présidentielles de 2009 aurait été publié, d'après TSA qui en donne un résumé repris in extenso ci-après.
On y relève que ce dernier scrutin, à l'image de tous les précédents, est également entaché de graves fraudes, des fraudes sans doute connues des USA et de l'Europe mais pas des Algériens eux-mêmes qu'il concerne directement au premier rang.
Bouteflika, en se vantant régulièrement d'avoir été réélu avec un score maximum, devrait maintenant, si tant est qu'il lui reste une once d'honnêteté, expliquer pourquoi l'ambassade américaine considère son élection comme irrégulière.
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TSA - 23 janvier 2011
par Hakim Arous
Wikileaks a publié, samedi 22 janvier dans la soirée, un nouveau câble diplomatique de l'ambassade américaine à Alger. Il date du 13 avril 2009 et revient sur les élections présidentielles du 9 avril, notamment sur les irrégularités du scrutin. Il révèle notamment comment le gouvernement algérien a organisé, par une « stratégie savamment orchestrée », les fraudes et a tenté de les camoufler aux observateurs.
Durant ces élections, les observateurs mandatés par les Nations Unies ont ainsi eu les plus grandes difficultés à travailler librement. Le chef de la mission d'observation de l'ONU, Abdool Rahman, rapporte aux diplomates américains que le gouvernement algérien a déployé d'importants « efforts pour contrôler ses rendez‑vous et utiliser la présence de la mission pour transmettre la thèse officielle sur l'élection ». Le gouvernement a « activement tenté d'empêcher » les observateurs de rencontrer les diplomates américains, européens, en modifiant constamment leur emploi du temps. Il révèle aussi qu'un fonctionnaire du ministère algérien des Affaires étrangères a tenté de s'incruster dans une réunion privée onusienne et dans une rencontre à l'ambassade de France.
Abdool Rahman explique enfin aux Américains que le code électoral algérien est rédigé de telle sorte que le gouvernement arrive à tout justifier. « Pour chaque inquiétude que nous soulevions, le gouvernement pouvait sortir un point du code électoral », affirme‑t‑il. Ces « procédures compliquées » servent aux autorités « à maintenir l'apparence de transparence ».
Les Américains rapportent la même volonté de camoufler la réalité dans le gonflement de la participation. Les chiffres de la participation donnés par le ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni, ont été « largement exagérés », est‑il écrit dans ce câble. La participation a été plus proche de 25 à 30 % que des 74 % annoncés, selon les diplomates américains. L'ambassade a observé officieusement le vote et pointe dans ce câble les nombreuses fraudes notées le jour de l'élection.
Un employé de l'ambassade assiste par exemple à « un appel téléphonique qu’un agent d'un bureau de vote reçoit d'un fonctionnaire du ministère de l'Intérieur lui demandant de donner un chiffre gonflé du nombre de bulletins enregistrés dans la journée ». En fin de journée l'agent devra signer la feuille des résultats du vote avec un chiffre extrêmement gonflé avec des noms de votants qu'il n'a jamais vus durant le vote. Ils rapportent également la manipulation de l'information à la télévision, où les reportages montrent des « électeurs habillés avec des vêtements d'hiver (…), ce qui suggère qu’ils ont utilisé des images d'archives d'une élection précédente ».
Face à cette situation, les Américains s'inquiètent des conséquences de ces irrégularités. Elles accentuent le fait que « les citoyens se sentent peu concernés par un processus politique détaché de la société. (...) L'Algérie fait face à un urgent besoin de dialogue entre la population et l'État », notent-ils.
Le câble conclut en affirmant qu'avec ce statu quo politique, « le destin des 72% de la population qui a moins de 30 ans complètement désillusionnés reste incertain, et avec cela la stabilité à long terme du pays ». Une constatation qui apparaît aujourd'hui prémonitoire après les évènements de ce début janvier 2011.