La Syrie renoue avec les attentats terroristes

Si l'assassinat d'un général syrien en exercice, en août dernier, est passé quasiment inaperçu, l'attentat perpétré aujourd'hui rappelle, par les énormes dégâts qu'il a causés, que Damas se place aussi dans l'oeil du cyclone terroriste.

La bombe, qui a explosé ce matin dans la capitale syrienne, a vraiment surpris par l'intensité de ses effets : 17 personnes ont été tuées et 14 autres blessées. 200 kg d'explosifs chargés sur un véhicule traversant une rue très animée ne pouvaient, bien sûr, qu'être très meurtriers. Ils ont en même temps détruit quantité de voitures et ravagé les façades d'immeubles sur un grand périmètre.

"Il est clair que c'est une opération terroriste qui a visé une région bondée de gens. Et malheureusement toutes les victimes sont des civils", a déploré le général Bassam Abdelmadjid, ministre syrien de l'Intérieur, à la télévision.

Le pays n'avait pas connu d'attaques aussi sanglantes depuis les années quatre-vingts, où les Frères musulmans s'étaient distingués par leurs atrocités. Mais, les autorités de Damas avaient néanmoins su juguler rapidement cette agitation et de façon même sauvage, qui a d'ailleurs servi de leçon. Des dizaines de suspects arrêtés dans un village ont été alors froidement exécutés par pendaison.

Prise sous le collimateur d'Israël qui est allé jusqu'à bombarder une unité industrielle soi-disant consacrée à la fabrication de la bombe atomique, menacée régulièrement par Bush qui l'accuse de faire partie de l'axe du terrorisme à cause entre autres de ses liens avec l'Iran, désignée à la vindicte par de larges pans de la société libanaise qui lui impute l'assassinat de Hariri, la Syrie se trouve manifestement entourée d'ennemis qui lui en veulent à mort.

Pourtant, sous le règne d'Assad père, Damas avait même composé avec la coalition qui était allée détruire l'Irak en 1991. A ce moment-là, l'on se flattait de compter la dictature syrienne au nombre des rares pays arabes coalisés contre Saddam Hussein. Avec cette différence, il est vrai, qu'à l'époque, Washington était entre les mains de Bush père. C'est à croire que l'entente d'alors s'est métamorphosée depuis en une espèce d'hostilité ouverte entre Bush fils et Assad fils.

Dans un message adressé aux autorités syriennes, Bouteflika considère l'attentat perpétré à Damas comme "un acte criminel abject". Il a en même temps appelé au renforcement de la lutte contre le terrorisme transfrontalier.

Le président algérien s'est même dit "profondément consterné et affligé" par la nouvelle du crime terroriste commis à Damas, qui a causé, rappelons-nous, 14 morts et 17 blessés.

Mais, ce qu'observent les Algériens eux-mêmes, c'est qu'il n'a jamais eu la moindre compassion pour les victimes du terrorisme tombées en Algérie. Non seulement il n'a condamné à aucun moment les actes meurtriers qui ont endeuillé des centaines, voire des milliers de ses concitoyens, mais il ne s'est jamais donné la peine de transmettre un message quelconque aux familles frappées par le terrorisme.

C'est dire toute l'hypocrisie du personnage. Il est vrai, cependant, qu'il s'était déclaré publiquement en faveur du terrorisme, tout au début de son arrivée au pouvoir. Il se disait de coeur avec des gens usant de cet extrémisme, parce que trop révoltés, selon lui, par l'injustice régnant alors dans le pays. Aussi, rien n'étonne aujourd'hui de son attitude et de son blabla.