Evo Morales sur la corde raide

Des violences secouent depuis quelques jours la Bolivie, où Evo Morales vient pourtant, tout récemment encore, d'être réélu à une large majorité de suffrages par ses concitoyens. Huit morts et une centaine de blessés ont été déjà recensés parmi les victimes.

Cinq des neuf gouverneurs régnant sur le pays font montre d'une hostilité déclarée au régime, à cause de son ouverture à gauche. Aussi, manipulent-ils des groupuscules de révoltés, bien organisés et sans doute aussi bien armés par les soins de la CIA, la centrale américaine du crime, à l'effet de créer des échauffourées avec la force publique, pour obtenir le renvoi de Morales.

Ce dernier, en homme du terroir rejetant toute forme de violence, cherche vainement à ramener les égarés à la raison. Il veut discuter avec eux de son projet de réforme profitable aux masses, les entendre exprimer leurs objections. Or, ces derniers, voulant conserver leurs privilèges d'antan, refusent tout simplement tout contact avec le pouvoir qu'ils n'ont d'ailleurs jamais reconnu.

N'étant pas dupe des manigances de la CIA, Morales a cru bon, hier, de prendre une décision grave de conséquence. Il a procédé à l'expulsion de l'ambassadeur américain à la Paz, pour marquer son mécontentement, face aux agissements inconsidérés de cette organisation en Bolivie. En guise de soutien, Hugo Chavez vient à son tour de renvoyer l'ambassadeur américain au Venezuela.

En vérité, Morales semble simplement fuir ses responsabilités. Il aurait dû, déjà bien avant sa réélection, mettre au pas ces gouverneurs. A cause de cette faiblesse, il risque désormais non seulement de perdre son pouvoir mais sa vie. La centrale américaine ayant traditionnellement marqué un mépris épouvantable pour la vie des gens, surtout quand ils sont étrangers, ne manquera sans doute pas de le supprimer, sans le moindre remords. Alliende et tant d'autres sont des exemples qu'il lui faut méditer.

Cette fois, Evo Morales se déclare franchement hostile à la présence des agents de la CIA dans son pays. Il a même prononcé l'interdiction en Bolivie de toute activité des agents de la plus grande centrale d'espionnage de la planète. Du même coup, il rejette toute présence des agents de la DEA, l'agence anti-drogue, également américaine, accusée de conspiration contre son pays. En septembre dernier, il avait expulsé l'ambassadeur des USA pour les mêmes motifs. En retour, Washington avait cru bon de soustraire la Bolivie de la liste des pays bénéficiant de préférences douanières pour l'exportation vers les USA. En l'occurrence, la Bolivie était principalement intéressée par l'exportation des textiles.

En fait, déjà en avril dernier, Morales avait démantelé un petit réseau de la CIA qui grenouillait au sein même du palais présidentiel.

Une enquête est même ouverte pour tenter de démasquer la présence d'agents étrangers manipulés par la CIA.

Intervenue seulement quelques jours après l'élection d'Obama, la réaction de ce dernier est naturellement attendue avec impatience. Elle donnera la mesure de l'approche du nouveau président américain quant aux agissements incontrôlés de la centrale américaine.