Non pas signe d'avancée notable digne d'être relevée à l'approche de la fin de mandat de Bouteflika, mais simple opération de basse propagande pour gagner vraisemblablement les suffrages populaires à l'occasion des prochaines élections présidentielles, l'on vient d'annoncer le projet d'éradication prochaine des bidonvilles dans les trois principales agglomérations du pays, Alger, Oran et Constantine.
Des dispositions semblent même être prises pour enrayer l'émergence de nouveaux bidonvilles que cette opération ne manquera sûrement pas de susciter. L'on parle de 70 000 logements à distribuer d'ici un an au profit des occupants actuels de ces bidonvilles, et l'on programme aussi 30 000 autres dès l'année prochaine à cette même fin.
A la faveur du prix du baril flottant au-dessus de 120 dollars, Bouteflika, qui gère lui-même, semble-t-il, les recettes pétrolières, aura bien beau jeu de prétendre, le moment venu, qu'il a lancé des milliers de kilomètres d'autoroute et détruit des dizaines de bidonvilles. Mais, dans tout cela, rien de bien fécond n'aura été réalisé en réalité. La construction d'autoroutes aura essentiellement profité aux dizaines de milliers de travailleurs chinois et japonais mais pas algériens, puisque ces derniers remplissent tous les jours les barques de fortune qui leur font traverser la Méditerranée vers d'autres horizons plus cléments à leurs yeux. Sous réserve encore que les bidonvilles soient effectivement rasés d'ici là, rien n'assure que d'autres n'auront pas réapparu en d'autres endroits. La demande de logements est en effet si forte dans le pays que la société tout entière en souffre. Faute d'abri, les couples tardent considérablement à se former. De plus, par la promiscuité de plus en plus frappante qui mine les ménages, les Algériens tendent à rivaliser bientôt avec les Egyptiens qui découchent à tour de rôle pour laisser un plus de place aux fratries entassées comme des harengs.
Comme disent les Arabes, ne resteront sur le lit de la rivière que ses galets.