J'ai découvert quelque part que le nom de "bidonville" avait pris naissance au Maroc, pour des raisons que j'ai toujours ignorées, sachant pourtant bien qu'il existe dans le sud-ouest algérien, à Béchar exactement, Bidon II, à l'extrême sud, Bidon V. Mais, aujourd'hui, un article de
Libération me met sur la voie. Casablanca, la seconde ville et capitale économique du Maroc, compte, dit-il, 480 bidonvilles, abritant une population de 500 000 personnes, soit 12 % de cette mégapole.
Il y a, ajoute-t-il, 70 villes et centres urbains au Maroc abritant d'autres bidonvilles. 212 000 ménages y vivent. Seules huit villes ont été déclarées sans bidonvilles depuis le lancement du programme dit de destruction des bidonvilles.
Tout particulièrement, la partie prioritaire de ce programme visant la démolition des bidonvilles de Casablanca, déjà projetée à l'horizon 2012, et qui doit s'accompagner d'un autre programme extrêmement coûteux de relogement de leurs centaines de milliers d'habitants pose aujourd'hui le problème essentiel du financement de toute l'opération. Le ministre de l'Habitat évalue, pour cette seule ville, les besoins à hauteur de 700 millions d'euros, devant être étalés sur cinq ans. Car, dans les autres cités, le budget nécessaire demande encore 1,5 milliard d'euros.
L'Etat ne pouvant subventionner que le tiers des sommes nécessaires, il reste à déterminer la part à faire supporter par l'habitant. On estime, en effet, qu'en retirant ce dernier d'une baraque de 25 m² se monnayant entre 100 000 et 150 000 dirhams (soit de 8 700 à 13 200 euros), on doit pouvoir lui offrir un logement d'une surface double, soit 50 m², au même prix.
Il reste, évidemment, à savoir dans quelles conditions ces occupants de bidonvilles accepteront-ils, sans dédommagement, de perdre un bien, dont ils connaissent la valeur, pour un autre qu'ils devront payer au même prix, mais sans doute à tempérament, leurs ressources étant a priori censées être faibles.
Le hic, en vérité, comme le soulève un commentaire inséré à la suite de l'article de Libération, réside dans le chômage ravageur qui sévit au Maroc : "
Ce n'est pas, en délogeant les habitants des bidonvilles pour les placer ailleurs que les problèmes du pays vont disparaître. C'est juste une boîte vide avec un joli papier cadeau."