Les provocations d’où qu’elles viennent sont généralement condamnables, chaque fois qu’elles mettent en péril la vie de gens innocents, quelles que soient leur nationalité, leur religion, leur couleur, leur race, etc. Ce ne peut être que justice encore de rechercher leurs auteurs et de les punir à hauteur de leurs actes, avec la plus extrême rigueur.
Mais là où rien ne va plus, c’est quand, sous la pression de lobbies ou d’intérêts quelconques l’on se sente obligé de tolérer ici, ce que l’on condamne là ou d’accepter l’inexplicable ici et de réagir avec vigueur là contre semblable excès.
En prenant notamment le conflit israélo-palestinien en exemple, l’on s’aperçoit vite que le même obus qui tue un juif soulève immédiatement les plus véhémentes condamnations dans le monde occidental, mais passe automatiquement dans les oubliettes quand il atteint mortellement un Arabe quel qu’il soit, homme, femme ou enfant.
De même qu’on fait aujourd’hui un grand raffut autour des insignifiantes destructions occasionnées par deux bombettes en Israël, on est resté impassible, pendant tout le mois de juin passé, devant le pilonnement continu par l’aviation ou à l’arme lourde d’une capitale entière, Beyrouth. Et le souvenir d’un Bush s’échinant, à ce moment-là, à différer à la saint-glinglin la convocation du Conseil de sécurité, dans un esprit dilatoire afin de laisser se poursuivre les massacres inutiles des Libanais, est toujours là pour nous rappeler que même le Liban, un petit pays qui se dit pourtant allié de l’Occident, méritait d’être puni, à cause de la présence chez lui du Hezbollah, un mouvement dit islamiste, jugé capable de nuire à l’ami éternel, Israël.
Qu’aurait donc fait l’Occident, si un père juif et son enfant en bas âge avaient pris la place du Palestinien et de son gosse, dont les télévisions du monde entier avaient filmé la froide exécution par le camp adverse, tandis qu’ils se trouvaient innocemment accroupis dans un coin, sur les lieux mêmes d’une violente répression de manifestants palestiniens ? A coup sûr, on aurait monté en épingle des semaines, voire des mois durant, une bavure de cette espèce, plus intolérable encore quand elle vient d’une armée organisée, en dissertant en longueur sur l’inhumanité ou la bestialité des assassins arabes.
A chaud, il est certes admissible qu’un trouffion, qu’un policier ou autre gendarme, simplement pris de panique ou obéissant aveuglément, par faiblesse ou autre tare, à un esprit malfaisant, commette la gaffe irréparable de tirer sur un innocent, mais, à froid, dans le calme feutré d’une rédaction de journal ou d’un ministère, une gaffe de cette nature a pour seul nom crime ; un crime qui doit être pris pour tel, et rien d’autre.
Aussi, se jouer des Palestiniens en leur faisant accroire un instant qu’on respecte leurs aspirations et qu’ils ont eux aussi des droits, puis qu’on revienne un moment plus tard leur tenir un discours diamétralement opposé, parce que Jérusalem y met son véto, c’est rien autre que faire lamentablement montre d’hypocrisie la plus imbécile, la plus irrecevable.
Du reste, le message ne peut passer, à moins qu’il faille se vêtir des oripeaux du terrorisme islamiste pour être enfin craints dans ce monde injuste et désarticulé par la puissance de l’argent, par le génie du sionisme que deux millénaires de luttes chrétiennes revanchardes n’ont pas réussi à effacer de la terre. Il reste toujours incongru, à moins qu’il faille encore attendre que ces malheureux enfants palestiniens, vivant le calvaire dès leur naissance sur les terres de leurs aïeux, aient patiemment grandi dans la répulsion, voire dans la haine de tout ce qui s’apparente au sionisme, pour que le monde comprenne enfin qu’il forme là les kamikazes de demain, les irréductibles aussi qui seront capables, pour peu qu’ils accèdent d’une façon ou d’une autre aux moyens destructeurs les plus sûrs, de démolir par le fond cette planète qui aura causé tant de déboires, tant d’injustice, tant de malheurs à leurs ancêtres.
Le monde occidental doit cesser de regarder dans l’unique direction qui est la sienne, celle de nourrir, d’armer et de protéger à vie Israël, malgré ses excès démesurés, son arrogance, son mépris et sa propre haine du monde qui l’entoure. S’il se sent en devoir de repentance, à cause des vingt siècles passés à détruire sans raison le monde juif avant de lui donner le coup de grâce de la dernière guerre mondiale, qu’il s’excuse autrement et surtout pas en écrasant, gratuitement, à son tour, le reste de ce malheureux peuple palestinien qui paie pour des errements qui ne sont en aucun cas les siens.
La justice ne s’accommode jamais de l’injustice et la vérité finit toujours par prévaloir, n’en déplaise aux acteurs inconscients qui font le monde unipolaire d’aujourd’hui.