Chassez le naturel, il revient au galop ! dit l'adage. Berlusconi, homme d'extrême droite connu pour ses extravagances, s'est fendu d'une nouvelle sortie publique relevant assurément d'un humour noir. Répondant à une question de journalistes à Moscou où il se trouvait hier, le chef du gouvernement italien a qualifié le nouveau président américain de "
jeune, beau et bronzé".
C'est surtout le dernier qualificatif, que l'on relie naturellement au teint noir d'Obama, qui défraie, depuis, la chronique, particulièrement en Italie. D'autant plus que son auteur a tout de suite ajouté, comme pour mieux marquer son observation, ainsi que le rapporte
Le Monde : "
Barack Obama est présenté presque comme un messie. Il y a beaucoup d'attentes qu'il ne doit pas décevoir." Pour Walter Veltroni, le secrétaire général du PD, les propos de M. Berlusconi "
blessent la dignité de l'Italie. Et un homme d'Etat ne peut se permettre continuellement ses blagues de cabaret". Le numéro deux du parti, Dario Franceschini, évoque plutôt "
une offense dangereusement ambiguë". "
Jamais un président du Conseil n'était tombé aussi bas", a renchéri Massimo Donadi, chef des députés du parti Italie des valeurs.
La droite, bien sûr, tente au contraire de tourner en dérision la remarque de Berlusconi, en louant, comme le ministre de
La Ligue du nord, Roberto Calderoli : "
le sens de l'humour". Gianfranco Rodonti du parti du
Peuple de la liberté va même plus loin pour mieux noyer le poisson : "
Les propos de Berlusconi s'expliquent par une théorie psychologique selon laquelle le racisme aurait pour origine l'envie des Blancs pour une couleur plus plaisante."
Agacé, lui, par des interprétations qui lui paraissent dénaturer le sens de son affirmation, Berlusconi préfère y voir "
un compliment". Il se fâche même en envoyant paître ses contempteurs : "
S'ils n'ont pas le sens de l'humour, a-t-il complété, cela veut dire que les imbéciles sont descendus dans l'arène. Qu'ils aillent se faire…"
En vérité, ce n'est pas l'unique fois où la langue du président du Conseil italien lui aura fourché. En juillet 2003, il s'était affreusement bien moqué de Martin Shultz, l'euro-député allemand, en lui jetant à la figure, sans la moindre retenue : "
En Italie, un producteur prépare un film sur les camps de concentration. Je vous recommande pour un rôle de 'kapo'."